dimanche 24 janvier 2010

Déménagement


Montagne de cartons, bric-à-brac entassé,
Formidable dédale où la vie s'entrechoque.
Petits bouts d'existence, paquets amoncelés,
Remparts protecteurs d'une cité baroque.

Il a fallu faire vite pour tout conditionner,
Bien protéger les meubles, pour éviter les chocs.
La tâche fut ardue, et enfin terminée,
L'empilement est là, solide comme un roc.

Monceaux de souvenirs que l'on doit emmener,
Aiguillons de mémoire qui font partie du stock
De peines et d'émotions, d'amours et de gaîtés,
Sans lequel, c'est certain, nous resterions cinoques.

Mais c'est au déballage, lorsqu'il faut tout caser,
Que l'on se sent déjà, devenir de vieux chnoques.
Etait-il nécessaire de vraiment tout garder ?
Pour vivre, a-t-on besoin de toutes ces breloques ?

Il faut prendre son temps, et ne pas s'affoler,
Même si, tout à coup, comme un électrochoc,
On retrouve dans un livre, une lettre pliée,
Qui nous remue le cœur, nous donne un coup d'estoc.

Un petit mot d'amour, un billet griffonné,
Qui nous titille l'âme et surtout nous évoque
Cet amour de jeunesse, ce tout premier baiser,
Ces lèvres au goût sucré, joli fruit que l'on croque.

Et pourquoi garde-t-on ce tee-shirt délavé,
Sans forme et imprimé : "Cool Baby, I'm a Rock"?
Celui que tu portais, quand nous nous sommes croisés,
Look maintenant "has been", dont ensemble on se moque !

Un déménagement, c'est vouloir s'en aller
Pour tout recommencer, dans une autre bicoque.
Mais comme l'escargot, notre dos est chargé
De tout notre vécu. On garde tout en bloc !

On ne peut oublier nos fiertés, nos regrets,
Ainsi que nos lâchetés, ces moments équivoques.
Car partir pour ailleurs, c'est aussi accepter
D'être ce que l'on est, d'emporter ses défroques.

Ce besoin d'autre-part, cette envie de bouger,
Où hier et demain, ensemble se provoquent,
C'est un pont qui relie l'avenir au passé,
Pour un nouveau départ, un changement d'époque.
Janvier 2010

5 commentaires:

  1. Beaucoup de choses dans ton petit poême.
    Du vécu, des reflexions, des sourires.......
    C'est quand le prochain déménagement ?

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  2. Je me sens très concernée par ce poème, il décrit parfaitement ce sournois "moaving-blues" qui a accompagné nos tris, nos redécouvertes et c'est fou le nombre de choses affreuses dont on n'a pas pu se séparer...
    Merci!
    Pascale
    PS: Câline Henri-Martin a adoré ce poème et elle t'a mis en lien sur le site des poètes du dimanche. (Elle ne parvient pas à te laisser de commentaire ici)

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  3. J'oubliais: la photographie qui illustre ce texte est particulièrement bien choisie!!!
    Pascale

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  4. D'ailleur je me demande bien où cette photo a été prise O.O
    Très beau poême comme toujours ^^
    (pour Alex je t'envois un mail de suite)

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  5. Merci pour vos compliments ^^
    Cette photo a été prise au début du mois d'août à Cordou. Lors de nos ballades dans la vieille ville, nous sommes arrivés dans une cour carré manifestement consacrée au cinéma (peut-être un centre culturel). Dans le couloir d'accès à cette cour, il y avait contre le mur, sur des tréteaux, ce décor de petites maisons en carton. Pourquoi ? Impossible de répondre à cette question. Cela m'a bien plus alors, clic-clac !!
    Par contre, c'est la photo sur le blog de Pascale qui m'a inspiré ce texte. (Merci Pascale !)
    Voilà, somme toute, tout ceci n'est qu'une simple histoire de photographies.:-)

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