samedi 27 mars 2010

J'Attends les Hirondelles

Assis sur un perré, j'attends les hirondelles...
Ce granit est humide, quelques traces du gel
Qui, c'est vrai, cet hiver nous a tant engourdis,
Confortant nos envies de rester dans nos lits !
Mon fessier se nécrose pour soigner ma cervelle
Qui a cru au miracle en entendant l'appel
D'un moineau de gouttière, un piaf tout riquiqui
Qui dès potron-minet, chantait au bord du nid.
Le sommeil perturbant mes organes sensoriels,
J'ai cru que de l'hiver, nous sortions du tunnel.
Sans perdre une seconde, j'enfilais mes habits,
M'asseyais sur ce mur pour guetter mes amies.

Erreur d'appréciation, petit péché véniel
Qui me fit croire si tôt, à un printemps virtuel !
Que fais-tu maudit piaf, ris-tu de mon dépit ?
Ah, mais fais attention, compte tes abattis !
Est-ce encore pour railler que là, sur la margelle
D'une fontaine mouillée qui suinte du dégel,
Je te vois sautiller, lancer de petits cris ?
Veux-tu me consoler ou bien me dire merci
De t'avoir tout l'hiver, donné comme "antigel",
Des boulettes de graines et de graisse naturelle ?
Tu n'es pas migrateur donc, tu n'es pas parti
Rechercher la douceur en quittant mon logis.

Dans ces pays lointains où la vie semble belle,
Où l'on cache la misère en ouvrant une ombrelle,
Où l'éternel été, fait tant rêver ici.
Mais où l'on meurt de faim ! Bien étrange paradis.
Drôle de petit moineau, au plumage arc-en-ciel,
Tu te moques de moi comme de polichinelle.
C'est toi qui m'a trompé, qui a joué au bandit !
Pardon ? Que me veux-tu ? Quel est ce gazouillis ?
Tu danses, tu dodelines de façon continuelle.
Aurais-tu par mégarde, abusé d'hydromel ?
Tu fais même le clown en poussant tes cui-cui.
Et malgré mon humeur, tu gagnes car je souris !
Mars 2010

dimanche 7 mars 2010

La Tempête Xynthia

Je suis de ce pays, de L'Aiguillon sur Mer.
Mes aïeux, mes parents reposent au cimetière.
En voyant aujourd'hui, ce lieu dans la misère,
Je sens au fond de moi, s'insinuer la colère.

Une étrange colère, teintée d'indignation,
En écoutant ces bulletins d'informations,
Où les intervenants, pour chercher des raisons,
Enoncent des bêtises, des élucubrations.

J'entends des "j'savais pas", des "inimaginables",
Alors que vos maisons sont bâties sur du sable !
Dire que c'est une surprise devient inconcevable,
lorsque derrière des digues, on construit à la diable !

Le "marais desséché" est un espace de terre
Que l'homme a patiemment, grignoté sur la mer.
Comme hier, en Hollande, à l'aide de polders,
Il a pu façonner cette surface agraire.

J'ai aussi entendu :"elle a repris ses droits",
En parlant de la mer. Mais est-ce de bon aloi ?
Et plutôt qu'affirmer, se demander pourquoi
L'océan est venu s'installer sous vos toits ?

Est-ce parce que nous oublions nos devoirs,
Que l'onde, en s'énervant, donne des coups de butoir ?
Ou qu'afin de construire d'innombrables dortoirs,
Nous avons supprimé ses espaces-déversoirs ?

Lorsque j'étais gamin, et même plus tard, ado.,
Je sillonnais les rues et chemins à vélo.
Revenir de La Pointe, et le vent dans le dos,
Arriver sur le port, pour guetter les bateaux.

A La Faute, près des dunes, nous allions pédaler.
Et le pont traversé, le plaisir nous prenait.
C'était un pur bonheur, le fait de musarder
A travers les pinèdes, les vignes, les prés salés.

Près de la Pointe d'Arçay, après les Amourettes,
La forte odeur des pins nous montait à la tête.
Et cette ombre complice, nous offrant une cachette,
Nous incitait à faire une sieste discrète.

Bien des étés plus tard, une trentaine d'années,
Ces tendres souvenirs, j'ai voulu retrouver.
A La Faute sur Mer, je suis donc retourné,
Simple curiosité, juste me promener.

Mais, très désemparé, je n'ai rien reconnu.
Avec ces constructions, je me suis même perdu !
Des maisons, des villas, des campings et des rues,
Les images de l'enfance, elles aussi, disparues.

Les vignes du grand-père où nous allions, enfants,
Casquettes nous protégeant d'un soleil écrasant,
Grappiller des raisins, les parents vendangeant.
Plus rien de cet endroit, parti dans le néant.

A L'Aiguillon aussi, au lieu du "Communal",
Tout un tas de maisons, lotissement banal !
Les "relais", le système anti-crue ancestral ?
Recouverts de logis, sombre manne commerciale !

Souvenons-nous des mots lancés par nos aînés :
"De tous temps, l'océan peut venir nous gronder,
Nous ne sommes dans ses mains, rien d'autre que des jouets
Qu'il tolère simplement ou bouscule à son gré".

J'ai, lors de mes recherches, trouvé un document,
Trois mots sur un registre, de près de trois cents ans
Où le curé de Grues racontait simplement
La rupture des digues et un débordement.

Mais ce qui est frappant, dans ce court compte-rendu,
C'est la similitude de ces faits survenus
A trois siècles d'écart. Ces épisodes vécus,
Peut-on les qualifier, aujourd'hui, d'imprévus ?

Et quelles furent les idées, les envies, les appâts
Des édiles locaux, des services de l'Etat,
Pour avoir oublié, volontairement ou pas,
La mémoire des hommes, cette conscience-là ?

Mais malheureusement, je crois que c'est l'argent
Qui incite le monde à être moins prudent.
Et l'on est criminel, si volontairement,
Pour du fric, on ne tient pas compte des éléments !

Il a fallu attendre d'avoir plus de vingt morts
Pour que dans les esprits, on reconnaisse ses torts.
Mais il est un peu tard pour avoir des remords,
La suffisance de l'homme crée la boîte de Pandore.

Avant que de douter complètement de l'homme,
Que pour toutes ses fautes, il subisse un pensum,
Se trouvant emporté dans un grand maelström,
Je propose une pause, ensemble, ad libitum.

A quoi sert de vouloir combattre la nature ?
Est-ce véritablement une preuve de culture
Ou de discernement, que de prendre une armure
Et s'isoler du monde, en créant des clôtures ?

Car si Neptune s'énerve, profondément lassé
De voir les océans, par l'homme, si malmenés,
Respectons ses colères, ses élans de dureté,
Laissons-lui de l'espace, sachons le respecter.

Mais l'homme dédaigne trop l'élément naturel.
Il se pense supérieur, mais vit dans l'irréel.
Vouloir tout dominer, ce rêve irrationnel,
N'est de fait, que le vrai péché originel.

Ne pas se croire plus fort, mais être intelligent,
S'adapter à son monde, à son environnement,
Nous permettra, à tous, inévitablement,
De comprendre et de vivre avec les éléments.

De cette anse, face à Ré, l'homme n'est que locataire,
Mais son propriétaire sera toujours la mer.
Et s'il faut des endroits pour travailler la terre,
Une grande humilité est un mal nécessaire.
Mars 2010


"Le onze décembre 1740, les eaux coupèrent le bot de Groleau et celui de Garde en plusieurs endroits. Elles restèrent sur les paroisses de Grues, de St Denis, de St Michel et de Triaize, six semaines. Le bot de Bourdin fut coupé le 13 décembre même année. Tous les blés furent perdus. L'année suivante, 1741, fut des plus sèches qu'on n'ait jamais vu. Il ne se faucha point de foin dans toute la paroisse de Grues ni dans les prés hauts des autres paroisses."
(le bot de Bourdin est toujours sur les cartes IGN)