dimanche 9 mai 2010

Encore et Toujours

Miracle du réveil, allongé dans le lit,
Je te sens reposer, étendue près de moi.
J'ouvre à peine les yeux et déjà, je souris
En pensant au bonheur d'être là près de toi.
Est-ce un sixième sens ou le fait d'un génie ?
Toujours dans ton sommeil, tu te roules vers moi.
Tu claques un doux baiser bien qu'encore endormie.
Je ne peux, simplement, que t'ouvrir mes bras.
En poussant un soupir, tu te loves, te blottis.
Et comme chaque matin, je reste couché là,
Attendant ton éveil, ton retour à la vie,
Comme une sentinelle qui veillerait sur toi.

Je perçois des murmures et autres chuchotis.
Je vous entends déjà pester sur ce coup là :
"Le câlin ? C'est malin, tu l'as déjà écrit !
Faut se renouveler, changer d'apostolat !"
C'est vrai, je vous l'accorde, et j'en suis fort marri.
Je voudrais bien changer, pourtant, à chaque fois,
Je suis emprisonné par cette douce folie,
Ce bien-être insensé, ce bonheur délicat.
Ce n'est pas de ma faute. Je n'y suis pour rien si
De mon inspiration, je ne maîtrise pas
Les circonvolutions, les détours, les envies.
Lorsque l'amour commande, je ne suis qu'un soldat !

Le réveil sonne déjà. Voilà, j'en ai fini !
Alors, pardonnez-moi et ne m'en veuillez pas
De m'attendrir sur celle qui partage ma vie.
Et de, chaque matin, sentir au fond de moi,
Mon cœur battre pour elle, jugulant mon esprit.
Bien exquise prison que cette geôle-là !

Et de lui susurrer de tendres mots d'amour
Afin qu'elle sache bien que je l'aimerai toujours.
Mai 2010

dimanche 2 mai 2010

Visite au Zoo


Triste petit primate, mais que regardes-tu ?
Guettes-tu, du passant, le jet de cacahouètes ?
D'où vient ce désarroi, en voyant ces silhouettes ?
Aurais-tu peur de l'homme, ce drôle d'individu ?

Tu lui reproches sans doute, ce vil enfermement
Qui réduit ton espace, te prive de liberté,
Ne te laisse simplement, que l'envie de rêver
Au plaisir de croquer la vie à belles dents.

Il paraît que c'est pour une action scientifique.
Qu'il ne s'agit rien d'autre que d'un mal nécessaire
Pour sauver ton espèce, pour que tes congénères
Puissent avoir, bien plus tard, une vie magnifique !

Mais au fond de ton cœur, tu sais que ce cachot,
Devant lequel les gens passent en rigolant,
croyant que tes grimaces sont un amusement,
N'est en fait, rien de plus que ton triste tombeau.

Mais je vois dans tes yeux, simplement le miroir
De notre société, que l'on dit avancée.
Ton regard, je le trouve chez les déshérités,
Chômeurs ou résignés, qui vivent le désespoir.

Où sont passées nos joies et nos curiosités,
Notre envie de créer enfin un monde meilleur ?
Où les individus, égaux face au bonheur,
Croyaient en l'avenir de notre humanité.

Tu vois, petit primate et donc aussi, mon frère,
La prison n'est pas faite seulement de barreaux.
C'est en vidant les têtes que l'on crée les cachots
Qui laissent ainsi les hommes stagner dans la misère.

En te voyant ainsi, j'ai envie de pleurer.
Et basta si je passe pour un triste bavard,
En disant à ce monde que ton si clair regard
Est le simple reflet de notre société.
Mai 2010