vendredi 11 juin 2010

Cauchemar aux Fourneaux

Oyez beaux damoiseaux et gentes damoiselles,
Une histoire édifiante et néanmoins cruelle :
Celle de l'obsession du pauvre père Soulé
Qui voulait, sur le tard, devenir cuisinier.
Ayant travaillé dur durant toute sa vie,
Il n'avait jamais pu céder à cette envie.
Depuis ses quatorze ans, il allait à l'usine,
Et restait planté là, debout, à sa machine.
C'est donc avec plaisir qu'à l'âge de soixante ans,
Il partit en retraite, souriant et confiant.

Cela fait maintenant une dizaine d'année
Qu'il vit dans sa cuisine, solitaire, obsédé
Par l'idée de créer une daube sublime
Qui réconcilierait Epicure et régime !
Pour ce faire, il a même transformé sa maison,
En supprimant les pièces, abattant les cloisons,
Pour pouvoir installer son cellier, ses frigos,
Sa table à préparer, sa cave et son piano.
Il a juste gardé pour son intimité,
Un coin pour déposer sa paillasse, son chevet.

Il ne sort presque plus et reste ainsi cloîtré,
Sauf pour aller chercher, lors des jours de marché,
Les nouveaux ingrédients qu'il veut incorporer
Dans sa recette magique, pour tenter d'arriver
Au nirvana suprême, se croire au firmament,
Atteindre l'absolu, ce phare inexistant.
Plus de sel que de poivre, dans ses rares cheveux,
Les aromates, à force, lui picotent les yeux.
Il entend dans sa tête, six voix venues d'ailleurs
Qui lui donnent des conseils, ou veulent faire son malheur.

Il se croit investi d'une divine mission !
Chaque jour il attend ces, comme un sot, six sons.
A l'ail, base de tout, il ajoute tout et rien,
En se disant qu'un jour, et pourquoi pas demain,
Il trouvera enfin la clef de ce mystère.
Mais sa propre impatience, toujours le désespère.
Il s'agite, tournoie, fait tomber les soucoupes,
Joue avec ses couteaux et parfois, aïe, se coupe !
Chaque fin de cuisson le met dans l'embarras.
Il se concentre et tôt, mate le résultat.

Il admire, goûte et sauce, hisse son jugement.
Il agrée, se doit d'être encore plus exigeant.
Bref, en définitive, il n'est jamais content !
Cela fait rigoler les passants, tous ces gens
Installés, comme il faut, qui le prennent pour un fou.
Il finit par penser qu'ils ne sont que jaloux,
Car pour lui, c'est de l'art ! "Fumée, disent les voisins,
Faire bouillir un tendron, ce n'est pas très malin !"
C'est vrai qu'il n'avance pas et qu'il cuisine en vain.
Très affligé, il pleure, la tête dans ses mains.

Il aurait bien voulu leur offrir ce cadeau,
Pour enfin faire taire ces stupides ragots.
Mais il est fatigué, ces critiques l'assassinent.
Il a le teint blafard et mal à la poitrine.
De porridges en langoustes, il a tout essayé.
Il n'a plus de courage, voit ses jambes flageoler.
Il se sent petit, sale et voudrait s'arrêter.
Jamais il ne ceindra sa couronne de lauriers !
La tête dans son four, il met le gaz à fond.
Et tant pis si tout pète, ce n'est plus ses oignons !

Epilogue
Suivant le corbillard, qui va au cimetière,
J'entends les commentaires de certaines mégères
Qui, encore, se moquent en le voyant passer,
Créant cet épitaphe : "C'était un cas, Soulé !"
Juin 2010

Voilà, voilà, tout ça pour ça !
Parfois, j'ai honte....
Félicitations pour être arrivé jusque là !
Mais ne vous fâchez pas, il y a un jeu "culinaire" dissimulé dans le texte :
Qui pourra retrouver les 16 éléments de base de cette ......... daube ?

mardi 8 juin 2010

Péter la Mogette (P'tite chanson)

Je sais que ma plume paresse,
Que je peine sur mes écrits.
Ma page blanche s'agrandit,
Ma rédaction est en détresse !
Pourtant les beaux jours sont venus :
Le printemps, l'heure du renouveau,
Et le retour des p'tits zoziaux.....
C'est trop mauvais ! Je suis fichu !

Il faut que cette histoire s'arrête,
Ou je vais péter la mogette !

Merci de ne pas m'en vouloir,
Car ce n'est pas de mon plein gré
Si je vous prive de mes dragées.
Coup de déprime, de désespoir.
Mais, peut-être, sont-ce les soucis
Qui me taraudent, prennent ma caboche.
Mon avenir me semble moche,
Tous mes rêves se sont évanouis.

Il faut que cette histoire s'arrête,
Ou je vais péter la mogette !

L'imagination en déroute,
Je tourne en rond comme un cloporte.
Absent, caché derrière ma porte,
Comme un réfugié à Beyrouth.
Enfoncé dans mon canapé,
Les yeux scotchés à mes écrans,
Web et télé, omniprésents,
Je vis le monde et ses dangers.

Il faut que cette histoire s'arrête,
Ou je fais péter la mogette !

Mais quelle est cette réalité
Que l'on nous martèle à loisirs ?
Lavage de cerveau pour construire
Un univers virtualisé ?
E-mail, i-pad, facebook, twiter
Sont les nouvelles clés du bonheur.
Vivre seul pour un monde meilleur,
Aseptisé, friqué, "fliqueur" ?

Il est tant que ce monde s'arrête,
Ou je fais péter la mogette !

Mais comment faisions-nous avant
Pour se connaître, se dire bonjour,
Se sourire, rencontrer l'amour,
Pour vivre ensemble, tout simplement ?
Certains cherchent à nous arnaquer,
Nous écraser, nous mettre en miettes.
Face à ces miroirs aux alouettes,
Monte en moi l'envie de scander :

Je sens venir une tempête,
Nous ferons péter la mogette !!
Juin 2010