samedi 20 octobre 2012

A La Terrasse d'Un Café

A la terrasse d'un café,
L'autre jour, je me suis posé,
Pour me revigorer un brin.
Je me sentais fort fatigué,
J'avais envie de m'arrêter,
Une pause sur mon chemin.

Plateau branlant, œil fatigué,
Un fin garçon désabusé
S'approcha d'un pas nonchalant.
Tout ce que j'avais commandé,
Deux croissants avec un café,
Me fut servi d'un air absent.

Les quelques clients installés
Avaient tous l'air très occupé,
Smartphone, I-pad devant les yeux,
PC avec une clé 3G,
Ils ne pouvaient lever le nez,
Semblant vénérer quelque dieu.

Il me prit l'idée saugrenue
De saluer ces inconnus,
D'un mot, d'un geste de la main.
Mais je fus surpris et déçu,
Car la seule réponse fut
Un regard noir et assassin.

Moi qui me souviens de troquets
Bruyants, encombrés, enfumés,
Où l'on trinquait en rigolant,
Les chalands sont devenus muets,
Essentiellement concentrés
Par ce qu'ils voient sur leurs écrans.

Lors, changeant mon orientation,
Je reportais mon attention
Sur le défilé des passants.
Jeunes et vieux à l'unisson,
La main collée au pavillon,
Déambulaient tout en parlant.

Parcelles de conversations,
Secrets intimes en dispersion,
Sans tenir compte des voisins.
Bribes de mots en déraison
Qui me donnaient la sensation
D'être un espion du quotidien.

Sur un banc public au milieu
De la place, un drôle de jeu
Pratiqué par de jeunes gens.
Brassens trouverait ça fâcheux,
De voir ainsi les amoureux,
Ne plus s'embrasser sur les bancs.

Au lieu de s'offrir des caresses,
Ils se parlaient par SMS,
Parfois en se tournant le dos.
J'ai failli crier que l'ivresse
Que l'on trouve dans la tendresse,
Etait le plus beau des cadeaux.

J'ai réglé ma consommation,
Et perdu dans mes réflexions,
Vers mes pénates je partis.
Puis arrivé à la maison,
J'ai rédigé cette chanson,
Simple reflet de mes soucis.

Et pendant que je me relis,
Je ne voudrais pas que ces vies
Se retrouvent gâchées demain.
Ce monde de technologie,
Ne satisfait pas les envies
De partage du genre humain.

Facebook et Twitter, sous pseudos,
Nouveaux cordons ombilicaux,
Moderne standardisation,
Des copains virtuels à gogo,
Chimériques liens amicaux
Qui créent des gens seuls à foison.

Mais je sais que la nostalgie
Est tout sauf une douce amie,
Il faut vivre avec son époque.
Et ce monde qui se construit,
J'espère, gommera les ennuis
Exprimés par ce soliloque !
Octobre 2012

2 commentaires:

  1. Waouh ! Que de nostalgie, voire d'amertume...
    Il y a bcp de gens qui partagent ton avis, continuent à vivre sans se soucier du record d'amis sur les réseaux sociaux.
    Et avec l'accent vendéen : chacun fait ben ce qu'il veut.............. :-)

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  2. Ca me fait penser à Amaanda Todd...

    Mais à Hauterives, petit village drômois sans importance technologique, je croisais les pépés-mémés qui revenaient du marché alors que j'y allais... les voyant chaque mardi, je leur disais "bonjour", les seules réactions que j'avais étaient surprise, défiance, méfiance, et aucun "bonjour" en réponse...
    La technologie n'est pas coupable de tout, mais les mentalités humaines si.

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