mardi 30 avril 2013

Le Ronchon et Le Brin de Muguet

Un Premier Mai ensoleillé,
Il se promenait dans la rue,
Observant d'un air entendu,
Les vendeurs de brins de muguet.

Un curieux porte bonheur
Où la plus petite clochette
Fait naître dans bien des mirettes
L'espérance de vœux trompeurs.

Car tous les fruits de cette fleur,
Graciles baies rouge-orangées,
Deviennent un mortel danger,
Pour qui veut goûter leur saveur.

Comment peut-on imaginer
Que ce carillon portatif,
Mini clocher d'un jour festif,
Aide la vie de l'ouvrier ?

Combien d'espoirs seront déçus,
Au lendemain de cette fête,
En sachant que vaine est la quête
De ce bonheur entraperçu.

Donc en bougonnant, il marchait,
Résolu à tourner le dos,
Ne pas romber dans le panneau
De ce plaisir factice à souhait.

Une main lui toucha le bras,
L'obligeant à se retourner,
Le plaçant ainsi nez à nez,
Avec un fort charmant minois.

Elle arborait un grand sourire
Et, épinglé sur son chandail,
Un muguet pour toute médaille.
Des diableries pour l'attendrir !

Elle lui tendit un brin en fleur,
Jurant que cette "fée-clochette",
Issue de sa propre cueillette,
Propageait de la bonne humeur.

Il tenta de lui expliquer
Que ce n'étaient que fariboles
Ou alors juste le symbole
De ce que l'on veut oublier.

Mais dans un rire malicieux,
Elle lui dit que ce muguet
N'était pas vendu mais donné
A ceux qui avaient l'air soucieux.

Ne pouvant détacher ses yeux
De son regard persistant,
Il croulait sous ses arguments
Pour rendre tous les gens heureux.

Il finit donc par accepter
Ce cadeau qui venait du cœur
Et qui fit naître, en douceur,
Un émoi par lui ignoré.

Puis revenant à la maison,
Sans y penser, il le glissa
Dedans son livre de chevet,
Souvenir de cette émotion.

Il a retrouvé ce bouquin,
En déménageant ses parents.
Entre les pages, patiemment,
L'attendait ce fragile brin.

Que fait-elle donc aujourd'hui,
Celle qui le lui a donné ?
Heureux de vivre à son côté,
Chaque matin il lui sourit.

Moralité :

Il faut se désintoxiquer
De tout un tas de préjugés.
Le bonheur peut être engendré
Par un simple brin de muguet !!
Avril 2013

lundi 15 avril 2013

Dimanche 14 Avril (Enfin le Soleil !)

C'est enfin le moment, depuis près de six mois,
Nous l'attendions si fort, nous étions aux abois,
Guettant dans la grisaille, le plus petit rayon,
Epiant, du baromètre, la moindre variation.
Engoncés dans nos pulls, écharpes et bonnets,
L'hiver nous semblait long, le cœur désespéré.
Mais aujourd'hui c'est sûr, ces temps sont révolus,
L'été nous fait un signe, la vie est revenue.

Pour fêter ce printemps, malgré le jour férié,
C'est dès potron minet, que nous sommes levés.
Le soleil apparaît, majestueux, aveuglant,
Attisant nos pupilles d'un éclat rougeoyant.
Les yeux écarquillés, vêtus de pyjamas,
Il nous manque les plumes, pour devenir incas.
Râ se doit de briller, sans lésine pour nous,
Nouveaux fils du soleil, d'Egypte au Pérou !

La nature, elle aussi, s'éveille à son tour,
Se parant par plaisir, de ses plus beaux atours.
Pâquerettes, crocus parsèment les pâtures,
Offrant à nos regards, une aimable peinture.
Les passereaux, coucous, animaux de basse-cour,
Font un concert de chants qui salue le retour
Des bourgeons, des insectes et autres vers de terre.
C'est bien de retrouver..... la chaîne alimentaire !

Le soleil au zénith, se croyant en été
On perd toute raison, en se laissant aller.
On expose inconscient, sans peur des tavelures,
Sa peau non préparée, aux risques de brûlures !
Les mecs en bermuda, préparent les grillades,
Les femmes en maillot, deviennent des naïades,
Se baignant de lumière, plongeant dans la chaleur,
Semblant toucher du doigt, l'avant-goût du bonheur.

Que la vie semble belle, quand le soleil y danse,
Et que tout un chacun veut suivre la cadence.
Tout paraît plus aisé, on gomme la misère,
On oublie les douleurs et parfois, on espère
Que ce tout premier jour, prémices de l'été,
Préfigure un éden pour nous tous retrouvé.
C'est un réel plaisir de se sentir heureux,
On rêve d'un monde, enfin libre, radieux....

Mais malgré ces espoirs, le lendemain, il pleut !!!
Avril 2013

lundi 8 avril 2013

Joyeux Anniversaire...

Il y a des matins, comm' ça,
Où une ride malvenue
Et quelques cheveux blancs, tenus,
Te plongent dans le désarroi.

Tu as beau scruter ton miroir,
Tu ne trouves pas les raisons
Justifiant ces altérations
Qui t’incitent à broyer du noir

Ou alors est-ce ce printemps,
Sorte d'hiver qui se poursuit,
Grisaille, vent du nord et pluie,
Qui mine le moral des gens ?

Mais pourquoi ainsi s'inquiéter ?
Rien ne justifie ton humeur.
La radio égrenant les heures,
Il est temps de te préparer.

Dans la rue humide, glacée,
Tu aperçois un bon copain
Qui te fait signe de la main,
T'invitant à prendre un café.

En prenant un air débonnaire,
Le cœur rieur et l’œil malin,
Il veut, dans un rire cristallin,
Te souhaiter "Bon Anniversaire".

C'était cela ce sentiment
D’inquiétude, d'appréhension.
C'est la réponse à tes questions,
Tu ressentais le poids des ans !

Comment as-tu pu oublier
Qu'il y a bien ..... pas mal de temps,
Celle que tu nommes Maman
Avait, ce jour là, accouché.

Tu prends conscience maintenant,
Que pendant toute la journée,
Tu vas te trouver confronté
Aux hommages de trop de gens.

Tu voudrais partir en exil,
Franchir une porte pour fuir
Tous ceux qui, pour te faire plaidir,
Te rappellent que le temps file.

Tu sais que c'est par gentillesse
Qu'ils t'adressent tous ces bons vœux,
Pourtant tu n'as pas besoin d'eux
Pour sentir poindre la vieillesse.

Pourtant, tout âge a ses désirs
Qu'il faut goûter avec saveur,
Car la recette du bonheur
C'est de vivre avant de partir.

Ne boude pas cette gaîté,
Accepte ces doux compliments,
Et dis-toi que dans peu de temps,
Tu vas pouvoir te rattraper !

Tu entreras dans le concert
De ceux exprimant à leur tour,
Aux personnes qui les entourent,
Un très Joyeux Anniversaire !

Ton cœur en sera allégé,
Et la boucle sera bouclée !
Avril 2013

lundi 1 avril 2013

Petit Déjeuner à Deux (1er Rendez-vous)

Qu'importe le temps ou le lieu,
Il est plaisant, d'en croiser deux,
Disposés à tout oublier.
Et les noctambules vaseux,
Qui jaloux, voient les amoureux,
Ne peuvent troubler leurs pensées.

Car dans cette nuit à Paris,
Du Pont des Arts au Pont Saint-Louis,
Ils ne songent qu'à musarder,
Oubliant les heures qui fuient,
Continuant après minuit,
De parler pour s'apprivoiser.

Sur le parvis de Notre-Dame,
Doucement se tisse la trame
D'un sentiment dissimulé,
Et leurs mots ne sont que dictames,
Pour masquer l'émoi de leurs âmes,
Par crainte de se dévoiler.

Puis vient le moment attendu,
Où les cœurs se retrouvent à nu,
Quand les défenses sont tombées.
Le discours devient superflu,
Pour vivre ce temps suspendu
Entre rêve et vérité.

Aux premières lueurs du jour,
Ce fou désir d'être toujours
Ensemble sans discontinuer,
Les pousse, sans aucun détour,
A poursuivre ce doux parcours
Vers d'autres sentiers égarés.

Et les voici, distraits badauds,
Devant l'entrée du Parc de Sceaux,
Faces aux grilles cadenassées.
Pour prolonger ce gai complot,
L'idée de prendre un café chaud,
S'impose à leurs esprits troublés.

Le percolateur s'éveillant,
Crache son jus en éructant,
Sans même les importuner.
Les café-crèmes odorants
Et les croissants appétissants,
Ne peuvent brouiller leurs pensées.

Le garçon balaye le trottoir,
Mais ils ne peuvent pas le voir,
Trop occupés à se chercher.
Car l'essentiel de leur regard
Ne fait que charger leur mémoire,
Afin de ne rien oublier.

Un petit-déjeuner à deux
Où la vie se lit dans leurs yeux,
Instant de grâce privilégié.
Ce mystérieux matin frileux,
Premier rendez-vous amoureux,
Restera dans leurs cœurs, gravé.
Mars 2013
(Un grand merci à Aileen Hsiao-Lin pour sa photo)