dimanche 10 novembre 2013

22 h 22

Le sommeil me gagnant, je ferme mon bouquin,
Retire mes lorgnons, tapote l'oreiller.
Puis au radio-réveil, un coup d’œil anodin,
Jeté avant d'éteindre, me fait fort sourciller.

Je lis sur le cadran, vingt deux heures vingt deux.
Je sens votre sourire, disant c'est amusant,
Pensant qu'il ne s'agit que d'un hasard heureux.
Et vous avez raison, c'est certain.............., et pourtant.

Cela fait des années que ce fol phénomène
Fréquemment se produit, et c'est vraiment curieux,
Que fort ingénument, plusieurs fois par semaine,
Je ferme mon bouquin à vingt deux heures vingt deux !

Alors, je me questionne, voulant trouver pourquoi,
Cette chose banale, n'ayant pas d'importance,
Qui ne devrait rester qu'un simple aléa,
Se refait à foison, depuis l'adolescence.

Ai-je reçu un sort, une étrange magie,
Un charme que lança une folle sorcière,
Une idée saugrenue qui surgit dans l'esprit
D'un enchanteur dément ou d'un elfe en colère ?

Non, je ne pense pas qu'un tel envoutement
Soit la cause forcée, de ce coup de hasard.
Quelque soit la raison, c'est sans enchantement,
Que je la noterai sur mon propre grimoire !

Cela n'est pas lié, à ma venue au monde :
D'après l'Etat Civil, ce n'est pas du tout l'heure
Qui me vit un matin, pousser tout à la ronde,
Un cri que mes parents, prirent pour du bonheur.

De la chance ce nombre est-il mon numéro ?
Le signe du destin qui ma rendra heureux ?
Si j'étais un joueur, j'irai au casino
Pour miser ma chemise, sur le nombre vingt deux.

Ou bien ai-je gâché une vraie vocation ?
Ce nombre symbolique serait signe complice,
Plutôt que de vouloir être un écrivaillon,
J'aurai du, tout jeunot, entrer dans la police !

Ou bien Dame Nature, voulant faire un caprice,
A choisi de régler mon cadran biologique
Avec autant de soin, que pour un coucou suisse.
Mon horloge aurait un côté helvétique !

Je pourrai devenir, un fêtard patenté,
Me couchant au matin, pour passer cet écueil.
Mais pendant mon éveil, lors de longues soirées,
Je jette, à cet instant, sur ma montre, un coup d’œil !

Est-ce plus simplement, une prescience innée,
Venant de l'au-delà, un oracle, un présage,
Qui sans me préciser ni le jour, ni l'année,
Donne l'heure du départ de mon dernier voyage ?

Enfin, quoi qu'il en soit, est-ce trop demander
A ce très cher Chronos, de faire qu'une fois,
L'esprit tout étonné, apaisé, rassuré,
Je ferme mon bouquin, à vingt trois heures vingt trois !!

Et le passage à l'heure d'hiver,
Ne modifie pas mon affaire....
Novembre 2013