mardi 23 février 2021

Vacances d'hiver


Moufles et bonnets blancs
Au fond des jardins on entend
Les rires des enfants

lundi 15 février 2021

Pluies verglaçantes


Des gangues de glaçons
Que le soleil et ses rayons
Transmuent en purs zircons

dimanche 14 février 2021

Un 14 Février

 Pour changer, je vous propose un peu de lecture avec cette historiette "valentinesque".

   Comme chaque matin, il presse le pas.
Reflexe habituel. Il est toujours en retard.
Pourtant il habite à proximité de son travail. Peut-être en est-ce la cause... Savoir qu’il a tout son temps, qu’il ne lui faut que cinq à six minutes pour arriver à son bureau ne l’incite pas à faire beaucoup d’efforts.
Il connait par cœur le chemin à parcourir. Sortir de l’immeuble, tourner à gauche jusqu’au bout de la rue, puis à droite pendant deux cent trente sept mètres, exactement.
Les voisins l’aiment bien. C’est un p’tit gars du quartier.
Avec son mètre quatre vingt dix, ses épaules larges, sa taille fine et sa mèche qui retombe systématiquement sur les yeux, c’est vrai qu’il ne passe pas inaperçu.
Il connaît une bonne partie des habitants qu’il croise et les commerçants qui ouvrent leurs boutiques. Un bon mot par ci, une bise ou une poignée de main par là, un « et comment allez-vous aujourd’hui ? », un « ça va pas mal et toi ? », etc. Sans oublier les « et comment va ta maman ? »
Ah sa mère. !...
Dans la rue, tout le monde la connaît. Si elle se présentait aux élections, nul doute qu’elle l’emporterait au premier tour. Il se demande même si la gentillesse à son égard n’est pas conditionnée par la volonté d’avoir des nouvelles de sa génitrice. Parfois, en saluant quelqu’un, il ne sait pas si le sourcil levé de la personne marque un intérêt pour sa personne ou l’interrogation de voir un aussi grand garçon encore hébergé par ses parents. Mais peut-être n’est-ce que le fruit de son imagination.
Si personne ne lui parle de sa mère, s’il n’est pas obligé de demander des nouvelles d’untel ou d’unetelle, il devrait arriver juste à temps. Mais rares sont les jours où il ne doit pas terminer au pas de course. Sans être particulièrement sportif, c’est peut-être cela qui lui permet d’entretenir sa forme.
Les gens le trouvent agréable, gentil bien qu’un peu tête-en-l’air. C’est vrai qu’il semble souvent perdu dans ses pensées. D’ailleurs, certains le surnomme « Le Pierrot ». Cette impression s’accentue les jours où il est vraiment en retard ! Mais il peut y avoir des raisons. Peut-être qu’il n’a pas pris le temps d’essuyer ses lunettes et qu’il perçoit le monde noyé dans une sorte de brouillard ou que cette attitude est un moyen pour ne pas être stoppé dans sa course. Qui sait…

   Elle aussi est en retard, mais pour d’autres raisons.
Elle déteste cela.
Elle vient de traverser toute la ville pour présenter son travail à un futur client. Du moins elle espère qu’il deviendra un futur client. Elle a planché une bonne partie de la nuit pour finaliser le dossier, a très peu dormi, a pris beaucoup de temps pour se préparer, s’habiller, se maquiller un minimum, tant le stress lui faisait trembler les mains.
Elle a même oublié de prendre son petit déjeuner. Tant pis, elle s’arrêtera dans un café après son rendez-vous. S’il est positif, ce sera un grand chocolat chaud avec croissants et petits gâteaux. S’il est négatif, elle prendra aussi un grand chocolat chaud avec plus de croissants et de petits gâteaux. Pour se consoler…
Elle consulte à tout bout de champs le GPS de son téléphone portable.
Elle ne connaît pas du tout ce quartier. Elle a pris soin de repérer son itinéraire sur internet avant de partir mais s’étant assoupie dans le bus, elle a loupé le bon arrêt et est descendue deux stations plus loin. 
Aussi, elle trottine, le dossier sous le bras, dodelinant de la tête entre les façades, les noms des rues et son écran afin de se repérer.
C’est dans ces moments là qu’elle se demande pourquoi elle est venue s’installer en ville.
Elle était si bien « dans sa campagne ».
Ce possessif, elle l’a toujours entendu. Ses parents, ses voisins ne prononçaient jamais les mots  « province », « ruralité », « territoire » mais ils parlaient toujours de « notre terroir », de « notre pays ». De sa jeunesse dans les prés et les champs, elle a gardé le teint frais, les joues naturellement roses des filles habituées à courir dans la nature. Là-bas, elle ne s’est jamais sentie seule. Les animaux, domestiques ou sauvages et les arbres étaient des compagnons de chaque jour. La solitude, elle l’a rencontrée ici.
Elle a le sentiment qu’en ville, les gens ne se rencontrent jamais, qu’ils s’ignorent et ne s’intéressent pas à leurs voisins. Parfois elle se demande si leur cœur est aussi gris, aussi minéral que le décor dans lequel ils vivent. C’est sans doute ce manque de verdure, de calme et de silence qui distend les liens sociaux. C’est vrai que dans son quartier périphérique, elle ne connaît personne. Bien sûr, elle part le matin de bonne heure et rendre souvent très tard en fin de journée.
De ce fait, elle semble toujours pressée et les rares personnes qu’elle rencontre dans l’escalier de son immeuble l’ont qualifiée de « speedée ». Pourtant elle aimerait bien partager autre chose qu’un « bonjour-bonsoir » avec eux. Mais elle ne perd pas courage…

   Pourquoi a-t-il fallu qu’il croise Bruno ce matin ? Il est sympa Bruno. Lui, a toujours le temps. Jamais il ne se presse. Jamais il n’est en retard. C’est du moins le sentiment qu’il donne.  Ordinairement, il aime bien discuter de tout et de rien avec lui, comme ils le faisaient au lycée, il y a... pas si longtemps !
Mais comme il ne sait jamais comment abréger la discussion, cette fois encore il se retrouve vraiment très en retard et c’est en courant qu’il amorce  le dernier virage à gauche, avant les trente sept derniers mètres à parcourir. Il se dit qu’il doit faire plus attention à son « timing » sinon son patron va finir par le mettre à la porte.

   A priori, les bureaux de son client ou plutôt de son futur client, se dit-elle en croisant les doigts (ce qui est difficile en serrant un volumineux dossier d’une main et en tenant un smartphone de l’autre) se situent à proximité. Une centaine de mètres après avoir tourné dans la prochaine rue à droite. Elle regrette de ne pas être chaussée de chaussures de sport. Pour avancer rapidement, les escarpins ne facilitent pas les choses. Il lui semble qu’elle tricote plutôt qu’elle ne marche. « Encore heureux qu’il ne pleut pas, se dit-elle. Je ne sais pas comment j’aurais pu porter un parapluie. J’espère que ce ciel azuré et ce soleil d’hiver est un bon présage pour cette journée. »
Elle devrait être juste à l’heure si elle ne faiblit pas, si elle garde la cadence. Ne dit-on pas que l’exactitude est la politesse des rois ? Ou des reines dans ce cas de figure !

   Le choc était inévitable.
Et ils ne l’ont pas évité !
En voulant serrer au plus près l’angle du bâtiment, ils se sont télescopés.
Un vrai grand et beau face à face.
Lui, a perdu sa paire de lunettes.
Elle se retrouve assise sur le trottoir, son téléphone portable entre ses jambes et son dossier en partie éparpillé devant les pieds de son renverseur
- Je suis désolé. Etes-vous blessée ? Lui demande-t-il en l’aidant à se remettre sur pieds.
- Non, ça ira, dit-elle en s’agenouillant pour rassembler les feuillets de son dossier.
- Attendez, je vais vous aider, reprend-t-il en récupérant sa paire de lunettes. Mais pourquoi courriez-vous ainsi ?
- C’est la meilleure ! C’est vous qui sembliez préparer un championnat de course à pieds !
- Mais non, je vous assure que…
-  Vous auriez pu regarder où vous alliez, tout de même !
En voulant saisir la même page, leurs doigts se frôlent. Dans un ensemble parfait et synchronisé, ils retirent leur main et relèvent leur tête. Leurs yeux se croisent. Ils restent statufiés, fascinés par ce qu’ils trouvent dans le regard de l’autre.
Sans se parler, ils n’ont jamais eu une telle conversation, une telle intensité de propos que pendant cette seconde d’éternité. Attirés par la profondeur de leurs regards, ils plongent sans retenue dans le jardin d’Eden que chacun trouve en l’autre.
Sans le savoir ni le vouloir, les mains qui s’étaient fuies se rapprochent et s’unissent. Toujours connectés l’un à l’autre, ils se redressent. Se font face. Les deux autres mains se sont également réunies. 
Insensiblement, ils se rapprochent l’un de l’autre…
- Je m’appelle Agathe, susurre-t-elle d’une voix qu’elle ne reconnaît pas. Sais-tu quel jour nous sommes ?
Le tutoiement lui est venu naturellement, malgré elle.
- Pas vraiment, lui répond-t-il sur le même ton, aux alentours de la mi-février, je crois.
- Nous sommes pile le quatorze février.
Leurs corps finissent par se plaquer l’un à l’autre. Leurs lèvres se rapprochent. Elle lui susurre dans un souffle :
- Veux tu être mon valentin ?
- Valentin ?
- Oui, veux tu être mon valentin ?
- Désolé, je ne suis pas Valentin, je m’appelle Régis. Je pense qu’il y a erreur sur la personne. Vous me prenez pour quelqu’un d’autre.
Le charme est rompu.
- Bon, ce n’est pas tout ça, continue-t-il, je vais vraiment finir par être en retard.

   Il retire ses mains, fait un pas en arrière, remet en place sa mèche tombée sur ses yeux, réajuste sa cravate et s’élance d’un pas décidé vers son travail en lançant un « Bon et bien au revoir, mademoiselle. »

   Tétanisée, il lui faut un instant pour comprendre qu’il est parti.
Elle se retourne et le voit trottiner le long du trottoir. Elle aussi rajuste sa tenue et vérifie que son téléphone fonctionne toujours. Puis avant de poursuivre sa route, elle se retourne une dernière fois et ne peut s’empêcher de clamer en direction de son inconnu :
« Mais quel crétin ! »
Fin

lundi 8 février 2021

Trop d'eau !


Nuages gris acier
Qui font de nos vies enjouées
Des îlots inondés.

(Merci à Véro pour la photo)

lundi 1 février 2021

Chandeleur


Des bougies allumées
Un sou dans la main pour rêver
Des crêpes à croquer...