dimanche 13 février 2011

Deux Minuscules Pâquerettes


Deux minuscules pâquerettes
Semblaient vouloir conter fleurette,
De façon plutôt incongrue.
Car en ce mois de février,
Lorsque le temps est aux gelées,
C'est une chose inattendue.

Surpris devant tant de hardiesse,
M'accroupissant, talons aux fesses,
Je restais là, interloqué.
Incrédule, je le confesse,
Vouant cette vision au stress
D'un emploi du temps surchargé.

Tâtant doucement la corolle,
Craignant de perdre la boussole,
Je voulais juste m'assurer,
Qu'en véritable cas d'école,
Cette étrangeté horticole,
Etait une réalité.

Quel magicien, quel diablotin,
Les avait posées, ce matin,
Alors que j'allais acheter,
A celle qui tient mon destin,
Pour fêter la Saint Valentin,
Un gros bouquet de fleurs coupées.

Et si c'était juste un rappel
Qu'il faut aller à l'essentiel,
Dans notre monde "sur-consommé".
Que l'amour n'est pas matériel,
Qu'il faut, pour qu'il soit fonctionnel,
Surtout de la simplicité.

La grandeur du sentiment
Ne se calcule, assurément,
Pas au total des sous versés.
Et cette obsession des présents,
N'est pas un sujet important,
Depuis que nos vies sont mêlées.

Je vis toujours avec l'image
De ton regard, faussement sage,
Chargé de vie et de gaîté.
Nos cœurs bâtirent une cage,
Pour que notre amour emménage,
Promesse d'une éternité.

Les soucis, les bleuets de l'âme,
Les joies, les peines, les petits drames,
Sont absents lorsqu'on est aimé.
Tu es ma vie, l'unique sésame
De mon bonheur, sans psychodrame,
Seul embarras de mes pensées.

Et le plus aimable présent
Est bien de consacrer du temps
A l'âme sœur que l'on chérit.
Penser qu'il n'est pas aberrant
De croire encore, comme un enfant,
Que l'amour seul, régit la vie.

Alors j'ai pris ces pâquerettes,
Duo d'amour, doux tête-à-tête,
Pour les rempoter tout de go,
Tout en oubliant ces recettes
Qui masque l'amour de bluettes,
De monceaux de fleurs, de cadeaux.

Que ces deux simplistes fleurettes
Reflètent ce qui reste ma quête :
D'être toujours auprès de toi,
Afin que jamais ne s'arrête,
Malgré le temps et les tempêtes,
L'amour que tu fais naître en moi.
Février 2011

samedi 5 février 2011

Trois Cousins


Ils étaient trois cousins qui se suivaient en âge,
Issus du même sang, vivant dans ce village
Où la population, assumant un clivage,
Vaque sur un bateau ou dans un pâturage.

Ils se trouvaient très proches, un écart d'une année
Sur l'échelle de la vie, les avait espacés.
Tout comme une fratrie, ils se sentaient liés
Et jouissaient pleinement de ces heures partagées.

Le plus vieux, créatif, incitait ses cousins
A suivre ses idées, indiquant le chemin.
Le cadet, malicieux, agissait à l'instinct.
Le plus jeune, en artiste, peaufinait le dessein.

On les voyait courir entre digues et pâtures,
Inventant des histoires, vivant des aventures,
Ou bien, à l'atelier, au milieu de la sciure,
Se fabriquer en bois, des épées miniatures.

Ils rêvaient de voyages, se devinant corsaires,
Car la proximité obsédante de la mer,
Les exhortait bien sûr, à quitter cet estuaire,
Pensant qu'ils partiraient ensemble, solidaires.

Ils étaient trois cousins qui se suivaient en âge,
Issus du même sang, vivant dans ce village
Où la population, assumant un clivage,
Œuvre sur un bateau ou dans un pâturage.

L'océan, comme la vie, n'est pas de tout repos,
Et les bateaux affrontent le tumulte des eaux.
Les drames de l'existence, insupportables maux,
Ont fini par défaire cet aimable trio.

Lorsqu'elle est trop pesante, trop dure à supporter,
La souffrance peut venir à bout de l'amitié.
Un réflexe stupide nous fait nous isoler
Pour que notre abattement ne soit pas partagé.

Dans ces jours de tempête, on cherche dans son cœur
Un rayon de soleil, un éclat, une lueur,
La chaleur d'un été, un tout autre bonheur,
Pour tenter d'oublier cette atroce douleur.

C'est ainsi que, sans doute, délaissant son ancrage,
Chacun sur son son esquif, a tracé son sillage,
En gardant bien enfoui, immortel tatouage,
Sans vouloir y songer, du malheur, ces images.

Mais rien n'est immuable, et un jour, dès l'aurore,
Lorsque tout ce passé sortira des sabords,
Que l'envie d'être ensemble sera présente, encore,
Ces voiles égarées regagneront le port.

Nous étions trois cousins qui nous suivions en âge,
Issus du même sang, vivant dans ce village
Où les individus, assumant un clivage,
Bossent sur un bateau ou dans un pâturage.

Nous nous retrouverons un jour, assurément,
Non pas pour partager nos anciens jeux d'enfants,
Mais parce que les liens qui unissent les gens
Résisteront toujours à l'usure du temps.
Février 2011
Un grand merci affectueux à Luc H. pour ce dessin qui m'a donné l'envie d'écrire ce texte.