mardi 30 octobre 2012

Chagrin(s) de Toussaint

Voici cinq courts poèmes, sur le même thème, avec presque les mêmes mots.
Ils sont construits en respectant les règles spécifiques liées à chacune des formes retenues.
Du plus prolixe au plus concis, vous trouverez : un rondeau, un double quatrain, un triolet, un tercet et enfin un haïku occidentalisé. Ils sont tous octosyllabiques, à l’exception du tercet.
Curieux de savoir qu'elle sera la forme la plus prisée, j'espère que vous n'hésiterez pas à laisser un petit commentaire...

Tes Larmes

Tes larmes, perles de rosée,
Issues de sanglots étouffés
Qui cultivent mon souvenir,
Et que tu ne peux retenir,
Coulent de ton œil embrumé.

Reflets de ton cœur attristé,
Du fond de ma boîte enterrée,
Je ne sais comment adoucir
Tes larmes.

Ces chrysanthèmes colorés,
Sur ma sépulture, posés,
Ne m'apportent pas de plaisir.
Car ce qui me fait tant souffrir,
C'est de voir ainsi s'écouler
Tes larmes.
Octobre 2012

Chagrin Létal

Petite perle de rosée
Glissant lentement du pétale
De ton œil endeuillé,voilé,
Reflet de ton chagrin létal.

Je ne sais comment soulager
Cette souffrance cardinale.
Tes larmes seront à jamais
Gravées sur ma pierre tombale.
Octobre 2012

En Mémoire de Nos Souvenirs

Ces larmes que je vois couler,
En mémoire de nos souvenirs,
Sont le reflet de tes regrets.

Ces larmes que je vois couler,
Au moment où je dois partir,
Ne peuvent que te faire souffrir.

Ces larmes que je vois couler,
En mémoire de nos souvenirs.
Octobre 2012

 Perle de Rosée

Reflet du désarroi de ton cœur attristé
Par tous ces souvenirs, la perle de rosée
S'écoule du pétale de ton œil endeuillé.
Octobre 2012

Affliction

Perle de rosée
Coulant de ton œil voilé,
Souvenir, chagrin.
Octobre 2012

samedi 20 octobre 2012

A La Terrasse d'Un Café

A la terrasse d'un café,
L'autre jour, je me suis posé,
Pour me revigorer un brin.
Je me sentais fort fatigué,
J'avais envie de m'arrêter,
Une pause sur mon chemin.

Plateau branlant, œil fatigué,
Un fin garçon désabusé
S'approcha d'un pas nonchalant.
Tout ce que j'avais commandé,
Deux croissants avec un café,
Me fut servi d'un air absent.

Les quelques clients installés
Avaient tous l'air très occupé,
Smartphone, I-pad devant les yeux,
PC avec une clé 3G,
Ils ne pouvaient lever le nez,
Semblant vénérer quelque dieu.

Il me prit l'idée saugrenue
De saluer ces inconnus,
D'un mot, d'un geste de la main.
Mais je fus surpris et déçu,
Car la seule réponse fut
Un regard noir et assassin.

Moi qui me souviens de troquets
Bruyants, encombrés, enfumés,
Où l'on trinquait en rigolant,
Les chalands sont devenus muets,
Essentiellement concentrés
Par ce qu'ils voient sur leurs écrans.

Lors, changeant mon orientation,
Je reportais mon attention
Sur le défilé des passants.
Jeunes et vieux à l'unisson,
La main collée au pavillon,
Déambulaient tout en parlant.

Parcelles de conversations,
Secrets intimes en dispersion,
Sans tenir compte des voisins.
Bribes de mots en déraison
Qui me donnaient la sensation
D'être un espion du quotidien.

Sur un banc public au milieu
De la place, un drôle de jeu
Pratiqué par de jeunes gens.
Brassens trouverait ça fâcheux,
De voir ainsi les amoureux,
Ne plus s'embrasser sur les bancs.

Au lieu de s'offrir des caresses,
Ils se parlaient par SMS,
Parfois en se tournant le dos.
J'ai failli crier que l'ivresse
Que l'on trouve dans la tendresse,
Etait le plus beau des cadeaux.

J'ai réglé ma consommation,
Et perdu dans mes réflexions,
Vers mes pénates je partis.
Puis arrivé à la maison,
J'ai rédigé cette chanson,
Simple reflet de mes soucis.

Et pendant que je me relis,
Je ne voudrais pas que ces vies
Se retrouvent gâchées demain.
Ce monde de technologie,
Ne satisfait pas les envies
De partage du genre humain.

Facebook et Twitter, sous pseudos,
Nouveaux cordons ombilicaux,
Moderne standardisation,
Des copains virtuels à gogo,
Chimériques liens amicaux
Qui créent des gens seuls à foison.

Mais je sais que la nostalgie
Est tout sauf une douce amie,
Il faut vivre avec son époque.
Et ce monde qui se construit,
J'espère, gommera les ennuis
Exprimés par ce soliloque !
Octobre 2012

mercredi 10 octobre 2012

Pensées d'Automne

Depuis la fin septembre, l'été s'est envolé,
Ne laissant derrière lui que l'ombre du plaisir
D'une vie au soleil, avec ses cris, ses rires.
La folie est partie, les rues sont désertées,
Sur la plage délaissée, il n'y a plus personne,
L'absence est le mentor de ces journées d'automne.

La nature s'est vêtue d'un manteau brun et ocre.
Sous nos pas, en marchant, s'écrasent des marrons.
Enveloppés de brume, d'étranges mascarons
De branches déjà mortes, créent un décor médiocre.
C'est l'heure où l'on regrette, les arbres qui bourgeonnent,
Les balades sont tristes, dans ces journées d'automne.

Malgré les protections, capuches, parapluies,
Les averses en cascades, cinglent tous les passants,
Qui avancent courbés, grelottants, grimaçants,
Car le ciel anthracite, fait du jour une nuit.
L'eau tinte sur les crânes, litanie monotone,
L'humidité nous glace, dans ces journées d'automne.

Des bourrasques en grondant, emportent des embruns.
De violentes risées plient les pins parasols,
Les rafales de noroît, rendent les têtes folles,
On risque par audace, de se casser les reins.
En fermant les volets, on bloque la crémone,
Le vent est destructeur, dans ces journées d'automne.

La raison, elle aussi, se met au diapason,
Elle mine le moral, véritable ciguë,
Emmenant la pensée vers ceux qui ne sont plus.
Mais ces images agissent tel des contrepoisons.
Car même si parfois, la mémoire est brouillonne,
L'amour est en nos cœurs, dans ces soirées d'automne.

La nostalgie s'installe, celle du temps joli,
Où les corps embrunis, de ce dernier été,
Débordants de vigueur, se laissaient regarder,
Se parant de chaleur beaucoup plus que d'habits !
Près de la cheminée, des idées polissonnes
Nous montent à la tête, dans ces soirées d'automne.

Le jour se raccourcit, le froid vient s'installer.
On est tant fatigué, qu'une vraie lassitude
Envahit notre esprit, létale servitude,
Et l'on songe parfois à ne pas continuer.
L'avenir s'obscurcit, la vie devient félonne,
La mort est attirante, pendant ces nuits d'automne.

Mais un fragment de bleu dans le ciel matinal,
Nous fait l'obligation d'un autre postulat :
Que d'ici quelques mois, le printemps sera là,
Balayant les effets de ce spleen automnal.
Même si la clarté de l'aube est pâlichonne,
Le réveil est confiant, en ces matins d'automne.
Octobre 2012

lundi 1 octobre 2012

Ecrasé de Chaleur

Quand le soleil d'été écrase de chaleur
Le vacancier qui flâne ou bien le travailleur,
En pleine après-midi, nos rétines en douleur
Ne peuvent distinguer ni contours ni couleurs.

C'est le pervers effet des réverbérations
Provoquées à loisir par toutes ces maisons,
Cubes crépis de blanc, qui renvoient les rayons
Vers nos yeux éblouis, altérant la vision.

C'est l'heure où seuls les fous, au mépris du danger,
Demeurent en plein cagnard, plutôt que de songer
A une douce sieste, le corps tout allongé,
Dans l'ombre d'une chambre aux persiennes fermées.

Mais souvent, l'idéal n'est pas toujours de mise,
Et la nécessité fait que nos sommes se brisent.
Et même si sortir nous semble une sottise,
Il nous faut affronter du soleil, la traitrise.

Et c'est le dos vouté, arqué tel un concombre
Que l'on marche en guettant l'ombre d'une pénombre.
Notre corps s'épuise et l’âme devient sombre
A force de lutter, zigzaguant d'ombre en ombre.

Au bout de quelques pas, on ruisselle de sueur.
C'est du plomb en fusion qui dilue notre ardeur.
La pépie nous gagnant, notre esprit scrutateur
Perd toute sa raison et devient voyageur.

Comme dans un désert, des mirages se forment.
Au-dessus du goudron, des lacs filiformes
S'élancent à l'assaut d'un azur uniforme.
On se transforme alors en potomane hors normes !

On rêve d'un seau d'eau, voire d'un arrosoir,
Ou bien d'une fontaine, ou plus d'un abreuvoir
Pour étancher sa soif, avec le fol espoir
Que les dieux dans les nues, fassent enfin pleuvoir.

C'est à ce moment là que vient la décision
De passer au café du coin, par précaution.
Un tout petit détour, fuir cette punition,,
Pour se désaltérer, vénielle tentation.

Un verre d'eau mentholé ou une bière fraîche
Calme bien la brûlure de cette gorge sèche.
Un second, puis un autre, plus rien ne nous empêche
De faire ce qu'il faut pour retrouver la pêche.

Un léger courant d'air, venu d'un ventilo,
Fait chuter la pression, calme le ciboulot.
Il est peut-être temps de songer au boulot,
Mais le temps passe vite, assis dans ce bistro !

 Le courage nous manque et l'idée de penser
Qu'il faut lever le camp pour aller affronter
Un soleil ennemi qui ne veut que cramer
Et le corps et l'esprit, nous rend écervelé !

L'après-midi s'étire en pensées paresseuses,
En rêves incongrus, en raisons fallacieuses,
Afin de justifier cette ignominieuse
Mais si agréable, coupure resquilleuse.

Moralité (à voir !) :
Les jours de plein été, quand il fait vraiment chaud,
Il n'est pas nécessaire de partir au boulot.
La productivité étant proche du zéro,
Il est plus judicieux de rester au dodo !
Septembre 2012