dimanche 10 novembre 2013

22 h 22

Le sommeil me gagnant, je ferme mon bouquin,
Retire mes lorgnons, tapote l'oreiller.
Puis au radio-réveil, un coup d’œil anodin,
Jeté avant d'éteindre, me fait fort sourciller.

Je lis sur le cadran, vingt deux heures vingt deux.
Je sens votre sourire, disant c'est amusant,
Pensant qu'il ne s'agit que d'un hasard heureux.
Et vous avez raison, c'est certain.............., et pourtant.

Cela fait des années que ce fol phénomène
Fréquemment se produit, et c'est vraiment curieux,
Que fort ingénument, plusieurs fois par semaine,
Je ferme mon bouquin à vingt deux heures vingt deux !

Alors, je me questionne, voulant trouver pourquoi,
Cette chose banale, n'ayant pas d'importance,
Qui ne devrait rester qu'un simple aléa,
Se refait à foison, depuis l'adolescence.

Ai-je reçu un sort, une étrange magie,
Un charme que lança une folle sorcière,
Une idée saugrenue qui surgit dans l'esprit
D'un enchanteur dément ou d'un elfe en colère ?

Non, je ne pense pas qu'un tel envoutement
Soit la cause forcée, de ce coup de hasard.
Quelque soit la raison, c'est sans enchantement,
Que je la noterai sur mon propre grimoire !

Cela n'est pas lié, à ma venue au monde :
D'après l'Etat Civil, ce n'est pas du tout l'heure
Qui me vit un matin, pousser tout à la ronde,
Un cri que mes parents, prirent pour du bonheur.

De la chance ce nombre est-il mon numéro ?
Le signe du destin qui ma rendra heureux ?
Si j'étais un joueur, j'irai au casino
Pour miser ma chemise, sur le nombre vingt deux.

Ou bien ai-je gâché une vraie vocation ?
Ce nombre symbolique serait signe complice,
Plutôt que de vouloir être un écrivaillon,
J'aurai du, tout jeunot, entrer dans la police !

Ou bien Dame Nature, voulant faire un caprice,
A choisi de régler mon cadran biologique
Avec autant de soin, que pour un coucou suisse.
Mon horloge aurait un côté helvétique !

Je pourrai devenir, un fêtard patenté,
Me couchant au matin, pour passer cet écueil.
Mais pendant mon éveil, lors de longues soirées,
Je jette, à cet instant, sur ma montre, un coup d’œil !

Est-ce plus simplement, une prescience innée,
Venant de l'au-delà, un oracle, un présage,
Qui sans me préciser ni le jour, ni l'année,
Donne l'heure du départ de mon dernier voyage ?

Enfin, quoi qu'il en soit, est-ce trop demander
A ce très cher Chronos, de faire qu'une fois,
L'esprit tout étonné, apaisé, rassuré,
Je ferme mon bouquin, à vingt trois heures vingt trois !!

Et le passage à l'heure d'hiver,
Ne modifie pas mon affaire....
Novembre 2013

lundi 9 septembre 2013

Fin des Vacances

Que reste-t-il de ces vacances,
Quand les valises sont bouclées ?
Tout simplement quelques regrets
Et des photos en abondance.
La mer est une délivrance,
Dans notre vie trop sclérosée.
On ne peut qu'être bouche bée
Devant tant de magnificence.

Les enfants ont rangé les jouets,
Ces attributs de leur enfance,
Le râteau et le seau garance
Retrouvent la bouée dégonflée.
Ils en auront à raconter
A l'école, et en l'occurrence,
Ils piaffent déjà d'impatience,
De voir les copains de récré !

Les plus grands sont en pénitence,
En relisant le doux billet
De l'âme sœur d'un été,
Apprentissage de l'absence.
Les images de ces romances
Et le goût des baisers salés,
Resteront dans leurs cœurs gravés,
Premier amour d'adolescence.

Les parents vont abandonner
Le temps d'inaction, d'indolence,
Virant parfois à l'indécence
Des corps enfin en liberté.
Mais il est temps de retrouver
Les collègues, les convenances,
Et quelques dossiers en souffrance.
Au boulot, il faut s'atteler !

La maison redevient silence,
Lorsque les volets sont tirés.
Et la pluie, enfin arrivée,
Supprime l'envie d'insouciance.
Que reste-t-il de nos vacances,
Quand les valises sont bouclées ?
Quelques souvenirs entassés
Dans des bagages en partance.
Septembre 2013

mardi 6 août 2013

Parfois...

Parfois, nous vient l'envie, pour cacher nos aigreurs,
De mettre sur les mots, des touches de couleur.
Devant les embarras, on cherche la chaleur
D'un sourire partagé, et manquant de pudeur,
On parsème ses vers de traits souvent rieurs,
Par crainte de montrer sa peine, sa douleur.

A l'image du clown, cet éternel enfant,
Qui suscite la joie, amuse les passants.
Mais l'unique ressort, de ces amusements,
Est le malheur des autres, presqu'exclusivement !
Et qui sait ce que sont ces propres sentiments,
Quand il quitte la piste, lorsqu'il est hors du champ ?

Masquer la vérité est un jeu tentateur,
Pour les carnavaliers, de Venise ou d'ailleurs.
En fabriquant un monde, anonyme et trompeur,
Ils se grisent de faux, deviennent suborneurs.
Mais parfois sous le loup, se cache des rancœurs,
Qu'ils doivent tempérer, pour rester bambocheurs.

Le monde est ainsi fait, vulgaire, malveillant,
Qu'on ne fait que chercher, depuis la nuit des temps,
Des astuces pour fuir, de multiples tourments.
On déguise sa vie, pour oublier, un temps,
Le plus définitif et le plus angoissant,
Le trépas qui viendra, inéluctablement.

Aussi ne laissez pas ronchonner votre humeur,
Pour des petits textes, qui manquent de hauteur.
Plongez sans retenue, vers ce côté rieur,
Ou sinon vous risquez de gâter votre cœur.
Par des écrits légers, amusants ou moqueurs,
Il est temps de semer, des graines de bonheur !
Août 2013

samedi 27 juillet 2013

Dans la Rue

Pédalant sur ma bicyclette,
Je me balade dans la rue,
Et je croise des inconnus,
Beaucoup de drôles de binettes,
Que j'avais pourtant déjà vues :

Bien accrochée à sa poussette,
Avec deux-trois marmots autour,
La nourrice fait demi-tour,
Trottine vers sa maisonnette,
Craignant toujours d'être à la bourre !

Copies rangées dans sa musette,
Et l'écharpe volant au vent,
Le prof avance l'air content.
Dans un an, enfin la retraite,
Débarrassé des garnements !

Les oreilles dans les casquettes,
Des ados, adossés au mur,
Trouvent que les temps sont trop durs !
Et si on leur prend leurs tablettes,
Penseront-ils à leur futur ?

En tirant sur sa cigarette,
Le boulanger n'est pas serein,
Il ne vend pas assez de pain.
Combien faudra-t-il de chouquettes
Pour le sortir de ce pétrin ?!

Délaissant enfin internet,
Deux gamins découvrent l'amour,
Leurs cœurs deviennent troubadours.
Les doux serments dans leurs mirettes,
Valent mieux que de longs discours...

Une noce, un jour de fête,
Les époux devant la Mairie
Se protègent des grains de riz.
Ils rient et partent en goguette,
Oubliant, un temps, les soucis !

Ayant égaré ses lunettes,
Un petit vieux, tête chenue,
Semble totalement perdu.
Il a hâte qu'enfin s'arrête,
Ce monde qu'il ne comprend plus !

Tout transpirant dans sa liquette,
Passe le docteur, en courant,
Il va au chevet d'un patient.
Mais son diagnostique l'inquiète,
Il craint de trouver un mourant !

Un accident, une boulette,
Un corbillard au carrefour
A fauché la belle-de-jour !
Et la camarde fait risette,
Ses affaires roulent toujours...

J'emmagasine dans ma tête,
Ces instants captés dans la rue,
Qui se succèdent, parfois confus.
Mais cheminant à bicyclette,
C'est la vie que j'ai reconnue !
Juillet 2013

mercredi 17 juillet 2013

Cocorico !?

Enfin !
Nous l'avons attendu, nous l'avons espéré,
Ce moment de vacances, ce temps de liberté.
Pour retrouver la paix, dans ce monde stressé,
Nul autre besoin que la campagne en été...

Cocorico !
Ah qu'il est amusant, de se voir réveillé
Par un coq impétueux, qui dès potron-minet
Somme les habitants de cette maisonnée
A entamer gaiement, une belle journée.
La veille, arrivés énervés, harassés,
Nous nous sommes couchés, dès la fin du diner.
Mais quel bonheur de voir, en ouvrant les volets,
Le soleil qui se lève sur les champs et les prés.

Cocorico !!
Comme chaque matin, ce coq... déjanté,
Prend un malin plaisir à vouloir claironner
Qu'il est temps d'ouvrir l’œil,  et de se préparer
Pour se mettre en chemin en partant du bon pied.
Mais il faudrait lui dire, que le but des congés,
C'est de permettre aux gens, d'enfin se reposer.
Que si nous sommes là, c'est pour en profiter,
Et que son chant strident, nous rend fort agacé !

Cocorico !!!
Ce matin c'en est trop, cela suffit, assez !!
Nos nerfs sont attaqués, nos tympans sont percés,
Car même en plongeant sous un tas d'oreillers,
Son cri fore la ouate, transperce le duvet.
Que pouvons-nous donc faire, qui trouvera la clé,
Faut-il le museler ou lui mettre un bonnet ?
Mais il devra cesser, ou bien cet obstiné
Finira à coups sûrs, dans une fricassée !

Cocorico !!!!
La nuit fut difficile, le sommeil agité.
Poursuivant ce maudit à grandes enjambées,
Brandissant un couteau d'une main agitée,
L'obsession se fait jour : lui couper le sifflet !
Il est temps de partir, de quitter la contrée.
Tant pis si les congés sont de fait, écourtés,
Nous allons retrouver, de la ville, l'air vicié,
Les cris, les pétarades, les voitures klaxonnées !

Conclusion :
L'an prochain, nous irons contempler les marées !
Sur la plage, au soleil, respirer l'air iodé,
Entendre le clapot des vagues enroulées,
Voir des bateaux ancrés, et des poissons...... muets !!
Juillet 2013

lundi 1 juillet 2013

Merci Professeur (Compliment)

L'année se termine pour tous les écoliers.
Donc, à leur intention, je viens de composer
Ce tout petit poème, afin de les aider
A faire un compliment, pour instits...... éreintés !

Aussi :

C'est l'heure des vacances, promesses de douceurs,
Mais nous devons saluer, madame le professeur,
Qui a su nous montrer la joie et la grandeur
D'accéder au savoir, la voie vers le bonheur.

Vous nous avez guidés, avec tant de chaleur,
Essayant de rester toujours de bonne humeur.
Ainsi, nous avons cru, que notre dur labeur,
N'était en fait qu'un jeu, loin de toute frayeur.

Nous qui allons croiser d'autres instituteurs,
Nous envions les petits, l'esprit plein de fraîcheur,
Qui vous verrons, madame, user de tant d'ardeur
Pour semer dans leurs chefs, des rêves en couleur.

L'année se finissant, nous retenons nos pleurs,
Car des "grands" comme nous, préservent leur pudeur !
Au diable les adieux, madame le professeur,
Puisque vous resterez dans un coin de nos cœurs.

(Bien sûr, il est possible de remplacer "madame" par "monsieur", de supprimer des vers ou des strophes. Ceci est un poème modulable à loisir !)
2009-2013

mercredi 19 juin 2013

J'Fais du Vélo !

Un simple rayon de soleil
Me mets les mollets en éveil.
Je joue à fond de ma burette
Pour peaufiner ma bicyclette :
Je graisse chaîne et pignon,
Fixe des pneus sur les rayons.
Enfin j'enfourche mon engin,
Afin de vérifier les freins.

Fini le temps du mécano,
Je suis parti, j'fais du vélo !

Cela faisait plusieurs années
Qu'il se languissait, remisé,
Rêvant de vadrouilles, de randos.
Moi, assis devant mon micro,
Oubliant qu'il nous faut bouger,
Je commençais à m'encroûter !
Je veux retrouver la sveltesse
Qui marqua toute ma jeunesse.

Alors, pour perdre des kilos,
C'est décidé, j'fais du vélo !

Concentré sur ma pédalée,
Mon esprit se sent apaisé.
J'oublie les chagrins, les soucis,
Ces noirs cadeaux que fait la vie.
Les aléas, peines de cœur,
Ce qui met à mal le bonheur,
Sans négliger la maladie,
Qui sera l'ultime défi...

Aussi, pour chasser les sanglots,
Tout oublier, j'fais du vélo !

Un peu serré dans mon cuissard,
Je suis étonné de pouvoir
Accumuler les kilomètres.
Je me sens bien dans tout mon être !
Je roule comme propulsé,
Cheminant sans jamais forcer.
Les jambes se sont débridées
Et les mollets décontractés.

J'avance le vent dans le dos,
Je suis heureux, j'fais du vélo !

Je suis enivré par l'ivresse
De goûter sur moi la caresse
D'un air qui fleure la nature,
Et m'incite à baisser l'allure.
Repérer les coquelicots,
Entendre le chant d'un oiseau,
Deviennent des allégories
Prouvant que ce monde est joli.

Soudain je deviens écolo,
Coucou la vie, j'fais du vélo !

Cela fait maintenant deux heures
Que je roule tout en douceur.
Il est temps de faire une pause
Pour prendre un peu de saccharose,
Afin d’éviter la fringale
Qui guète le coursier cigale.
Une boisson au goût sucrée
Est propulsée dans mon gosier.

Boire au bidon, c'est rigolo,
Comme les pros, j'fais du vélo !

Je regarde mon GPS,
Et mets en doute sa justesse,
Car le chiffre fait apparaître
Un grand nombre de kilomètres.
Je me suis peut-être emballé,
Mais maintenant je dois rentrer.
Le retour vers le domicile
Risque fort d'être difficile.

Car moi, je n'ai pas d'EPO,
Même rincé, j'fais du vélo !

Je sais pourquoi j'ai avancé
Avec tant de facilité :
Le vent que j'avais dans le dos,
Je l'ai de face, et c'est ballot !
Les bourrasques sont si violentes,
Que je pédale en descente !
Même si je fais la grimace,
Je suis plus lent qu'une limace...

J'en bave des ronds de chapeau,
Mais pas le choix, j'fais du vélo !

Pédaler au bord de la mer
Peut devenir un vrai calvaire,
Si, comme les mauvais marins,
On ne prévoit pas son chemin.
Les guibolles en accordéon,
Les mains crispées sur le guidon,
Tous mes muscles se tétanisent,
Même ma volonté se brise.

Je n'ai pas l'âme d'un maso,
Ras le bol, fini le vélo !

Que ce retour a été long,
Mais je vois enfin la maison.
Vite, finir cette balade,
J'ai les fesses en marmelade.
Je suis brisé, vidé, rompu,
Tout mon corps semble courbatu.
C'est digne d'un toxicomane,
Que d'être accro à la bécane !

Arrivé je vais illico,
Balancer ce maudit vélo !

Mais je sais bien au fond de moi,
Que malgré tous ces aléas,
Sans pour cela être girouette,
Je reprendrai ma bicyclette !
Car tout en roulant à vélo,
On retrouve ses joies d'ado,
Recouvre son esprit rebelle,
Aussi libre qu'une hirondelle !

Donc, quand le temps sera au beau,
Résolu, j'ferai du vélo !!
Juin 2013

lundi 3 juin 2013

Où Sont Passés Nos Rêves ?

Dans la grisaille ambiante, plaignez le pauvre auteur
Qui n'a qu'une ambition, celle de vous distraire,
Mais dont l'inspiration, face à toutes ces guerres,
Ne génère qu'images dépourvues de couleur.

Même si le soleil darde bien ses rayons,
Que le printemps s'annonce, renaissance sereine,
Nul ne peut endiguer cet océan de haine
Qui suinte des nouvelles diffusées à foison.

On a beau essayer de se changer la tête,
D'aller se promener, de rêver de vacances,
De s'étourdir de chants, de musiques et de danses,
Le cœur reste figé, ne part plus en goguette.

Au nom de quel principe a-t-on pu laisser faire
En sorte d'oublier les sublimes idéaux
De paix, de libertés, pour que les gens, égaux,
Ne se regardent plus comme des adversaires ?

Vous me direz : "voyons, ce ne sont qu'utopies,
Que la vie n'est pas simple, qu'il y a des écueils,
Qu'il faut de ces marottes savoir faire le deuil,
La quête de bonheur, n'est que vue de l'esprit !".

Et pourtant ces idées, venues de notre enfance,
Qui devaient nous aider à vivre pleinement,
En comprenant les autres et en les acceptant,
Etaient gages de paix, d'amour et de confiance.

Confiance en l'être humain, dont seule la pensée
Peut combattre le poids de l'animalité
Que nous portons en nous, et que la société,
En toute diligence, se doit de museler.

Et comment expliquer ces communautarismes
Ethniques, économiques, religieux, fanatiques,
Qui piétinent l'esprit, prônant un idyllique
Paradis pour eux-mêmes, sous couvert d'altruisme.

Que dire des moyens, que ces gens utilisent,
Refusant le dialogue, l'écoute, le discussion.
C'est à coups de violence, tueries, explosions,
Qu'ils masquent surement, leur propre couardise.

Au nom de grands préceptes, on voit tout un chacun
Vouloir anéantir son voisin, son prochain.
Est-ce que vieillissant, je ne comprends plus rien
A ce monde égoïste qui nie le genre humain ?

Le reste de nos vies sera désespérant.
La haine planera, véritable vautour,
Sans qu'un monde meilleur ne voit enfin le jour !
Où sont passés nos rêves et nos espoirs d'enfants ?

Addendum :
Parce qu'au fond de moi, existe un optimisme
Puéril et maladroit, je crois que malgré tout,
L'homme s'en sortira, car il a les atouts
Pour vaincre, à nouveau, tout cet obscurantisme !
Mai 2013

lundi 20 mai 2013

Orphelin

Je n'ai pas eu de promenade,
Main dans la main avec mon père,
Ni les élans, les embrassades,
Tous ces plaisirs élémentaires.
Lorsque je partais en balade,
J'étais seul ou avec mon frère,
La petite enfance est malade
De cette absence tutélaire.

Je jalousais mes camarades,
En les entendant, fort diserts,
Raconter à la cantonnade,
Des récits filiaux ordinaires.
Moi, je n'avais d'autre parade,
Car je ne pouvais que me taire,
Que de partir, bougon, maussade,
Chercher le giron de ma mère.

En sirotant mes orangeades,
Sur la plage, scrutant la mer,
Je laissais mon esprit nomade,
Rêver à ce jour où ce père,
Au retour de quelque croisade,
Me revenait, tel un corsaire,
Pour me conter ses escapades,
Toute sa vie aventurière.

Ce n'était qu'une mascarade,
Ou simplement une chimère,
Rien d'autre qu'une galéjade,
Pour dissimuler la misère
D'un cœur qui battait la chamade,
Empli d'une tristesse amère,
De ce sentiment de panade
Que je portais en bandoulière.

Malgré toutes ces estacades,
Jetées afin de me distraire
De cette désolation froide,
Je revenais les pieds sur terre.
Pour limiter mes incartades,
Je passais par le cimetière,
Voyant derrière la palissade,
La tombe grise de mon père.

J'étais bébé lorsque, malade,
Il fit son ultime croisière.
Tel un bateau resté en rade,
Ma pensée était en jachère.
Je n'ai même pas la pommade
Des souvenirs pour me complaire,
Quelques photos en enfilade,
Garnissent mon imaginaire.

Son odeur lors des embrassades,
Le son de sa voix en colère,
Sont les absences, les brimades,
D'une mémoire lacunaire.
Et le récit d'une décade
De vie commune avec ma mère,
Ne donne qu'une image fade,
Il reste pour moi un mystère.

Lorsque la mort, en embuscade,
Me transformera en poussière,
Je veux pour ultime accolade,
Etre posé près de sa bière.
Tout en lui lançant des œillades,
J'espère pouvoir enfin faire,
Cette dernière promenade,
En serrant la main de mon père.
Mai 2013

vendredi 10 mai 2013

Photo de Classe

A l'heure du numérique, où il n'est même plus nécessaire d'avoir un appareil-photo pour mitrailler tout et rien, aussi rapidement qu'un chapelet d'éternuements causés par un rhume des foins, il est touchant de tomber par hasard, sur une vieille photographie d'enfants alignés pour la traditionnelle photo de classe.

Dans la première partie du siècle dernier, dans ce que l'on nomme actuellement les Régions et qui était alors la Province, l'évènement, car cela en était un, impliquait une modification de la routine matinale.
Le levé était généralement avancé d'une bonne demi-heure car la toilette du gamin se devait d'être exemplaire. Une toilette "en grand", avec savon, sur tout le corps, tignasse comprise ! Vérification des mains, des ongles et des oreilles. Bref, la toilette du dimanche un jour de semaine ! Et encore, bien heureux celui qui échappait à la coupe des cheveux, la veille chez le coiffeur ou pire, le matin, à la maison, par une mère certes aimante, mais pressée ou d'humeur créatrice dans la réalisation de cette taille.
Sous la blouse lavée de la veille, il n'était pas rare de trouver les habits dominicaux. Cela signifiait qu'il fallait passer la journée en faisant bien attention à ne pas se salir ni  accrocher ou abîmer les vêtements. Sinon, le retour à la maison risquait d'être des plus pénibles.
Donc une journée sans s'amuser. Une journée à ne faire qu'écouter Monsieur l'Instituteur. Une journée à espérer la punition qui priverait de récréation et ainsi, tout en limitant les risques, justifierait ce non amusement.
Enfin, au moment du départ, venaient les recommandations d'usage : "ne fais l'andouille sur la photo", "tiens-toi bien droit et sois sérieux".

Ce jour était à la fois, une contrainte et une aventure. En arrivant à l'école, l'enfant était rassuré de constater que les copains avaient subi les mêmes désagréments matutinaux. D'autant plus que la maître était, lui aussi, rasé de près et apprêté comme une soir de Conseil Municipal. La question était de savoir si sa femme l'avait obligé, lui aussi, à se préparer avec autant de soins ou si c'était de sa propre initiative, qu'il s'était imposé un tel ......sacrifice.

L'attention était grandement troublée par l'attente du photographe. Les élèves assis près des fenêtres n'avaient de cesse de regarder dans la cour pour ne pas rater son arrivée et surtout l'installation de ce professionnel de l'image.
Par de savants codes sémaphoriques, l'ensemble de la classe était informé de l'évolution de la situation. Lorsque la perturbation devenait trop évidente, l'instituteur, pour remédier à cette inattention, sortait son arme suprême : "Bien, maintenant, prenez le cahier rouge !"
Le maudit cahier rouge, synonyme d'angoisse et d'extrême concentration. Le cahier de dictées. Bien évidemment, c'était toujours pendant cet exercice, et lorsque personne ne pouvait relever la tête, que le photographe disposait son matériel. Terminer son devoir, relecture, interrogations sur les accords de participes passés, présents et peut-être à venir, correction de fautes imaginaires puis, ramassage des cahiers.

Enfin, la minute d'immortalité sur papier glacé était arrivée.
Pour une fois disciplinée, la petite troupe arrivait soit dans la cour, soit sous le préau si le temps n'était pas clément.
Là, se trouvait l'appareil sur son trépieds et deux rangées de bancs en guise de gradins. Après les salutations et conciliabules entre l'artiste et le maître des lieux, ce dernier disposait ses élèves sur trois
lignes, en fonction de leur taille : les moyens debout sur les bancs du fond, les grands debout entre les deux rangées et les petits assis sur les bancs de devant. Puis, il venait se placer à côté des gamins, à droite ou à gauche, peut-être en fonction de sa couleur politique, sans prendre garde de l'effet miroir de la photographie, inversait son propre choix !
"Ne bougeons plus."
Clic clac, et tout était terminé.

Et, c'était le retour en classe, en jetant un dernier coup d’œil au photographe qui emballait déjà l'instrument qui leur avait pris une parcelle de leur vie. Pourquoi tant d'énergie dépensée pour quelque chose qui durait si peu de temps ?
Le reste de la matinée était consacré au calcul ou à l'histoire. lorsque la cloche sonnait la fin des cours, les enfants étaient fiers de rapporter à la maison, des tenues à peu près intactes.
L'après-midi, quelle joie de retrouver les habits de tous les jours. L'évènement du matin n'était même plus un souvenir. Les bons élèves écoutaient l'instituteur avec attention, les cancres redevenaient des cancres, la récréation était source d'écorchures et de salissures. Bref, la vie reprenait ses droits.

Il y a, ne serait-ce qu'une quarantaine d'année, cette photo de classe était encore chère au cœurs des parents. Son coût n'était pas négligeable pour la plupart des familles, mais c'était souvent la seule photographie de l'enfant faite dans l'année, sauf si le cousin de la ville venait passer quelques jours durant ses vacances.
Elle faisait, avec fierté, le tour de la famille, puis finissait oubliée au fond d'une boîte en carton.  Mais, malgré les aléas de la vie, les nettoyages de printemps, les déménagements ou autres évènements divers et variés, un jour, elle refaisait surface.
Alors, une partie de l'enfance revenait en mémoire......
Mai 2013

mardi 30 avril 2013

Le Ronchon et Le Brin de Muguet

Un Premier Mai ensoleillé,
Il se promenait dans la rue,
Observant d'un air entendu,
Les vendeurs de brins de muguet.

Un curieux porte bonheur
Où la plus petite clochette
Fait naître dans bien des mirettes
L'espérance de vœux trompeurs.

Car tous les fruits de cette fleur,
Graciles baies rouge-orangées,
Deviennent un mortel danger,
Pour qui veut goûter leur saveur.

Comment peut-on imaginer
Que ce carillon portatif,
Mini clocher d'un jour festif,
Aide la vie de l'ouvrier ?

Combien d'espoirs seront déçus,
Au lendemain de cette fête,
En sachant que vaine est la quête
De ce bonheur entraperçu.

Donc en bougonnant, il marchait,
Résolu à tourner le dos,
Ne pas romber dans le panneau
De ce plaisir factice à souhait.

Une main lui toucha le bras,
L'obligeant à se retourner,
Le plaçant ainsi nez à nez,
Avec un fort charmant minois.

Elle arborait un grand sourire
Et, épinglé sur son chandail,
Un muguet pour toute médaille.
Des diableries pour l'attendrir !

Elle lui tendit un brin en fleur,
Jurant que cette "fée-clochette",
Issue de sa propre cueillette,
Propageait de la bonne humeur.

Il tenta de lui expliquer
Que ce n'étaient que fariboles
Ou alors juste le symbole
De ce que l'on veut oublier.

Mais dans un rire malicieux,
Elle lui dit que ce muguet
N'était pas vendu mais donné
A ceux qui avaient l'air soucieux.

Ne pouvant détacher ses yeux
De son regard persistant,
Il croulait sous ses arguments
Pour rendre tous les gens heureux.

Il finit donc par accepter
Ce cadeau qui venait du cœur
Et qui fit naître, en douceur,
Un émoi par lui ignoré.

Puis revenant à la maison,
Sans y penser, il le glissa
Dedans son livre de chevet,
Souvenir de cette émotion.

Il a retrouvé ce bouquin,
En déménageant ses parents.
Entre les pages, patiemment,
L'attendait ce fragile brin.

Que fait-elle donc aujourd'hui,
Celle qui le lui a donné ?
Heureux de vivre à son côté,
Chaque matin il lui sourit.

Moralité :

Il faut se désintoxiquer
De tout un tas de préjugés.
Le bonheur peut être engendré
Par un simple brin de muguet !!
Avril 2013

lundi 15 avril 2013

Dimanche 14 Avril (Enfin le Soleil !)

C'est enfin le moment, depuis près de six mois,
Nous l'attendions si fort, nous étions aux abois,
Guettant dans la grisaille, le plus petit rayon,
Epiant, du baromètre, la moindre variation.
Engoncés dans nos pulls, écharpes et bonnets,
L'hiver nous semblait long, le cœur désespéré.
Mais aujourd'hui c'est sûr, ces temps sont révolus,
L'été nous fait un signe, la vie est revenue.

Pour fêter ce printemps, malgré le jour férié,
C'est dès potron minet, que nous sommes levés.
Le soleil apparaît, majestueux, aveuglant,
Attisant nos pupilles d'un éclat rougeoyant.
Les yeux écarquillés, vêtus de pyjamas,
Il nous manque les plumes, pour devenir incas.
Râ se doit de briller, sans lésine pour nous,
Nouveaux fils du soleil, d'Egypte au Pérou !

La nature, elle aussi, s'éveille à son tour,
Se parant par plaisir, de ses plus beaux atours.
Pâquerettes, crocus parsèment les pâtures,
Offrant à nos regards, une aimable peinture.
Les passereaux, coucous, animaux de basse-cour,
Font un concert de chants qui salue le retour
Des bourgeons, des insectes et autres vers de terre.
C'est bien de retrouver..... la chaîne alimentaire !

Le soleil au zénith, se croyant en été
On perd toute raison, en se laissant aller.
On expose inconscient, sans peur des tavelures,
Sa peau non préparée, aux risques de brûlures !
Les mecs en bermuda, préparent les grillades,
Les femmes en maillot, deviennent des naïades,
Se baignant de lumière, plongeant dans la chaleur,
Semblant toucher du doigt, l'avant-goût du bonheur.

Que la vie semble belle, quand le soleil y danse,
Et que tout un chacun veut suivre la cadence.
Tout paraît plus aisé, on gomme la misère,
On oublie les douleurs et parfois, on espère
Que ce tout premier jour, prémices de l'été,
Préfigure un éden pour nous tous retrouvé.
C'est un réel plaisir de se sentir heureux,
On rêve d'un monde, enfin libre, radieux....

Mais malgré ces espoirs, le lendemain, il pleut !!!
Avril 2013

lundi 8 avril 2013

Joyeux Anniversaire...

Il y a des matins, comm' ça,
Où une ride malvenue
Et quelques cheveux blancs, tenus,
Te plongent dans le désarroi.

Tu as beau scruter ton miroir,
Tu ne trouves pas les raisons
Justifiant ces altérations
Qui t’incitent à broyer du noir

Ou alors est-ce ce printemps,
Sorte d'hiver qui se poursuit,
Grisaille, vent du nord et pluie,
Qui mine le moral des gens ?

Mais pourquoi ainsi s'inquiéter ?
Rien ne justifie ton humeur.
La radio égrenant les heures,
Il est temps de te préparer.

Dans la rue humide, glacée,
Tu aperçois un bon copain
Qui te fait signe de la main,
T'invitant à prendre un café.

En prenant un air débonnaire,
Le cœur rieur et l’œil malin,
Il veut, dans un rire cristallin,
Te souhaiter "Bon Anniversaire".

C'était cela ce sentiment
D’inquiétude, d'appréhension.
C'est la réponse à tes questions,
Tu ressentais le poids des ans !

Comment as-tu pu oublier
Qu'il y a bien ..... pas mal de temps,
Celle que tu nommes Maman
Avait, ce jour là, accouché.

Tu prends conscience maintenant,
Que pendant toute la journée,
Tu vas te trouver confronté
Aux hommages de trop de gens.

Tu voudrais partir en exil,
Franchir une porte pour fuir
Tous ceux qui, pour te faire plaidir,
Te rappellent que le temps file.

Tu sais que c'est par gentillesse
Qu'ils t'adressent tous ces bons vœux,
Pourtant tu n'as pas besoin d'eux
Pour sentir poindre la vieillesse.

Pourtant, tout âge a ses désirs
Qu'il faut goûter avec saveur,
Car la recette du bonheur
C'est de vivre avant de partir.

Ne boude pas cette gaîté,
Accepte ces doux compliments,
Et dis-toi que dans peu de temps,
Tu vas pouvoir te rattraper !

Tu entreras dans le concert
De ceux exprimant à leur tour,
Aux personnes qui les entourent,
Un très Joyeux Anniversaire !

Ton cœur en sera allégé,
Et la boucle sera bouclée !
Avril 2013

lundi 1 avril 2013

Petit Déjeuner à Deux (1er Rendez-vous)

Qu'importe le temps ou le lieu,
Il est plaisant, d'en croiser deux,
Disposés à tout oublier.
Et les noctambules vaseux,
Qui jaloux, voient les amoureux,
Ne peuvent troubler leurs pensées.

Car dans cette nuit à Paris,
Du Pont des Arts au Pont Saint-Louis,
Ils ne songent qu'à musarder,
Oubliant les heures qui fuient,
Continuant après minuit,
De parler pour s'apprivoiser.

Sur le parvis de Notre-Dame,
Doucement se tisse la trame
D'un sentiment dissimulé,
Et leurs mots ne sont que dictames,
Pour masquer l'émoi de leurs âmes,
Par crainte de se dévoiler.

Puis vient le moment attendu,
Où les cœurs se retrouvent à nu,
Quand les défenses sont tombées.
Le discours devient superflu,
Pour vivre ce temps suspendu
Entre rêve et vérité.

Aux premières lueurs du jour,
Ce fou désir d'être toujours
Ensemble sans discontinuer,
Les pousse, sans aucun détour,
A poursuivre ce doux parcours
Vers d'autres sentiers égarés.

Et les voici, distraits badauds,
Devant l'entrée du Parc de Sceaux,
Faces aux grilles cadenassées.
Pour prolonger ce gai complot,
L'idée de prendre un café chaud,
S'impose à leurs esprits troublés.

Le percolateur s'éveillant,
Crache son jus en éructant,
Sans même les importuner.
Les café-crèmes odorants
Et les croissants appétissants,
Ne peuvent brouiller leurs pensées.

Le garçon balaye le trottoir,
Mais ils ne peuvent pas le voir,
Trop occupés à se chercher.
Car l'essentiel de leur regard
Ne fait que charger leur mémoire,
Afin de ne rien oublier.

Un petit-déjeuner à deux
Où la vie se lit dans leurs yeux,
Instant de grâce privilégié.
Ce mystérieux matin frileux,
Premier rendez-vous amoureux,
Restera dans leurs cœurs, gravé.
Mars 2013
(Un grand merci à Aileen Hsiao-Lin pour sa photo)

dimanche 17 mars 2013

La Ballade de "Pas-d'Sous"

Petite fantaisie pour les victimes de ce monde où la réussite ne se traduit que par l'argent, au détriment du plaisir de vivre.

Dans cette société
Notre Dieu est le blé.
On s'émeut, on pleurniche,
On court après l'artiche.

Mais,

Surtout pas de panique
Pour un défaut de fric,
Même si c'est stressant,
Une absence d'argent.

Pour garder le sommeil,
Laissons tomber l'oseille,
Car la bonne fortune
N'est pas liée à la thune.

Mettre entre parenthèse
Cette quête du pèze,
Supprime l'obsession
De la carence de ronds.

Nous aurions le cœur sec
A compter nos kopecks.
Il nous faut des passions
Hors de tous picaillons !

L'amour et l'affection
Se moquent du pognon,
La famille, les amis
Se fichent du grisbi.

Il faut bannir le blues
Provoqué par le flouze,
Car on peut tout créer
Avec ou sans monnaie.

Crions dans la tempête :
"Au diable les pépètes !"
Ce n'est pas un tabou
Que d'être sans-le-sou.

Le plaisir de la vie
Se passe de roupies,
Le cœur est un cadeau
Qui se rit des euros !
Mars 2013

mardi 12 mars 2013

Une Vigne En Hiver

Le bonnet enfoncé, mains chaudement gantées,
Le corps emmitouflé sous les couches de laine,
Le froid cristallisant en nuées son haleine,
Le vigneron s'emploie avec habilité.

En février et mars, c'est le temps de la taille.
Supprimant le bois mort, il compte les bourgeons,
Et les yeux dans les yeux, il coupe le courson,
Qui portera les grains, quête de son travail.

C'est là l'étrangeté de cette profession,
Qui produit le raisin, symbole du soleil,
En grelotant de froid, se glaçant les orteils,
Cela pour contrôler cette végétation.

Car la vigne est ainsi, touffue et débordante.
C'est une obligation de la canaliser.
Il faut donc, en hiver, attendre les gelées
Afin de l'émonder, pendant qu'elle est dormante.

Le voyant besogner, je pense à mon grand-père,
Affairé sur ses vignes, là-bas aux "Amourettes".
Je l'entends maugréer, qualifiant de piquettes
Tous ces vins frelatés, sombres jus de vipère !

Ses vignes sur les dunes, comme à Cap Breton,
Donnaient un vin de sable, pour gosiers...affirmés !
A la Pointe d'Arçay, on peut encore trouver
Quelques pieds égarés, souvent à l'abandon.

Lui aussi, par temps froid, avec son sécateur,
Il ciselait ses ceps méticuleusement,
Rêvant de son nectar, fagotant les sarments
Qui dans l'âtre, le soir, livreraient leur chaleur.

Moments d'isolements et de concentrations
Qui pour tout un chacun, ne serait qu'un calvaire.
Mais le plaisir est là, car c'est pendant l'hiver
Que l'amour du métier saisit le vigneron.

Nous autres ignorants, ne buvant que de l'eau,
Nous avons oubliés pourquoi ces courageux
Affrontent la froidure avec au fond des yeux,
La joie de nous offrir le plus beau des cadeaux.

Le bonnet jusqu'aux yeux, mains chaudement gantées,
Le corps emmitouflé sous les couches de laine,
Le froid cristallisant en nuées son haleine,
Le vigneron s'emploie, en pensant à l'été.
Mars 2013
(Avec l'aimable autorisation pour la photo, du Domaine Laubarel, vins de Gaillac)

samedi 2 mars 2013

Hatari !!!!!!!

Hatari, Hatari...

Voilà un bien curieux prénom,
Pour désigner un compagnon
Sage, gentil, discret, mignon,
Arrivant dans une maison.
Au début, je n'ai pas compris
Quel était cet étrange cri :
Hatari-là, Hatari-ci,
Cela traumatisait mon ouïe !

Viens ici, Hatari !

Au loin, sous d'autres horizons,
Cela signfie "Attention".
Mais je ne vois pas de raison
Pour m'affubler d'un tel surnom !
Il est vrai que mon appétit
Semble toujours inassouvi.
Je suis gourmand à la folie
Sans souci du "caca-pipi" !

Oh, dehors Hatari !!

Je travaille ma dentition
En déchiquetant des chaussons,
Ou en mâchouillant des savons
Que j'essaime dans le salon.
Les pieds de table sont bénis,
Et je les croque à l'envie.
Dans les chambres, les draps de lit
Se changent vite en charpie !

Tu descends Hatari !!!

Des jouets, baballes et ballons
Trainent partout dans la maison,
Mais je les laisse à l'abandon
Quand je saisis un caleçon.
 J'aime bien m'amuser aussi
Avec une plante fournie.
J'arrache ses feuilles, sans merci,
Pour en faire des confettis.

Mon ficus, Hatari !!!!

Mes maîtres sont vraiment trognons.
Et lorsqu'ils sont trop furibonds,
Je leur lèche le cou, le front,
Le bout du nez et les arpions.
Avec ces câlins, par magie,
Toute rancœur s'est évanouie.
De leurs caresses, je suis ravi
Et je m'endors confiant, réjoui.

Chut, dodo Hatari.

Je crois que dans cette maison,
Ils sont de bonne composition,
Même si avec les chatons,
Il y a des heurts, des frictions.
Bousculant tout, je les poursuis,
Sans succès jusqu'à aujourd'hui.
Mais je chasserais sans répit,
Les queues de tous ces mistigris !

Ça suffit, Hatari !!!!!

Hé bien voilà, c'est reparti............
Mars 2013

samedi 23 février 2013

La Maman de Millie (à Véro)

La maman de Millie
A son regard qui rit
Quand elle voit son enfant,
Faire des facéties,
Jouer les affranchies
En prenant l'air méchant.
La gaîté rejaillit
Quand la maison s'emplit
Des jeux des garnements,
Il n'y a plus d'ennuis,
Les soucis sont partis,
Et c'est réconfortant.

Elle trouve belle la vie,
Se repose l'esprit
Durant ce doux moment.
Et si parfois elle crie,
Ce n'est pas l'hystérie,
C'est pour jouer aux parents !
Elle voudrait dans la vie
Etre petite souris
Pour épier ses enfants,
Pour les guider aussi
Dans leurs choix, leurs envies
Dans ce monde inquiétant.


Quand le temps s'assombrit
On se recentre ainsi
Sur le plus important :
L'amour de nos petits,
Le cœur, nous raffermit,
Le rend beaucoup plus grand.
La photo a saisi
Cet instant de magie,
Rien là de surprenant.
La maman de Millie
A son regard qui rit
Quand elle voit ses enfants !
Février 2013

mercredi 13 février 2013

Ton Corps Manuscrit

Ton corps est un vrai manuscrit,
Ecrit à l'encre de ta vie
Sur ta peau, livret satiné,
Faite pour être caressée.

Car pour déchiffrer ton histoire,
Seules mes mains ont le pouvoir
D'interpréter ces écritures
Crées par des égratignures.

Je m'efforce de retrouver
Ce que notre amour a tracé,
Ces signes de joie, de bonheur,
Reflets des émois de nos cœurs.

Lorsqu'une ride inconnue
Cause des soupçons incongrus,
La jalousie s'installe pour
Faire du tort à notre amour.

Mais ces doutes sont oubliés,
Dès que nos yeux se sont croisés,
Et je poursuis, vaille que vaille,
Cette douce lecture en braille.

Ton épiderme est un roman
Qui s'est bâti au fils du temps,
Résultat de chagrins cachés
Ou bien de plaisirs partagés.

Je te parcours de pore en pore,
Tu restes mon seul réconfort,
Car c'est sur ton corps que se lit
Toute l'histoire de ma vie.
Février 2013
A nouveau, un grand merci à Persilya pour sa charmante illustration

mercredi 6 février 2013

Un Délicat Petit Flocon

Un délicat petit flocon,
Tombé sur le bout de ton nez,
Petite miette de coton
Apportée par un ciel glacé.

Il reste accroché à ta peau
Engourdie de froid et rougie
Par un vent, avéré suppôt
D'un air venu de Sibérie.
Engelures et autres lésions
Sont les rançons de ces gelées,
Que l'hiver, en maître félon,
Cache sous la neige éthérée.

Un délicat petit flocon,
Tombé sur le bout de ton nez,
Le décore tel un zircon,
Bijou éphémère et léger.

C'est un bien étrange cadeau,
Qui se tient là, semble indécis,
Pourtant ce cristal est fait d'eau
Qui sur l'épiderme, s'enfuit !
Intriguée tu plisses le front
Pour tenter de le regarder,
Et ton strabisme est un affront
A nos critères de beauté.

Un délicat petit flocon,
Tombé sur le bout de ton nez,
Te chiffonne et te rend grognon !
Comment faire pour le dégager ?

Je me creuse le ciboulot
Et finis par trouver l'outil :
En faisant un petit bécot,
J'avalerai ce malappris !
Mais le soleil, en vieux fripon,
D'un seul rayon s'est amusé
A diluer ce frêle bouton,
Me laissant décontenancé.

Un délicat petit flocon,
Tombé sur le bout de ton nez,
Ne m'a pas donné l'occasion
De te voler un doux baiser...
Février 2013
Et un grand merci à Eliette pour sa formidable illustration !

vendredi 4 janvier 2013

Bonne Année 2013

Il est décourageant, en cette fin d'année,
De voir qu'un changement par beaucoup espéré,
Risque d'être bien long, pour venir jusqu'à nous !
Cette année 2012, pourtant si prometteuse,
Laisse dans notre gorge, l'inquiétant arrière-goût
D'une potion amère et peut-être trompeuse.

Mais en prenant de l'âge, il faut bien constater
Que notre monde actuel est à désespérer.
La nature est malade et les hommes sont.... fous
De s'obstiner à croire que leur vie est heureuse.
Si la raison se noie dans des cuves de tofu,
L'égoïsme rend l'intelligence adipeuse.

La violence et les guerres restent sous notre nez,
La vie se définit en études de marchés.
Et l'on voit resurgir, venues d'on ne sait où,
Des propos d'exclusion, des idées vénéneuses,
Qui attisent les haines, défont les garde-fous,
Cheminant sous couvert de pensées religieuses.

Alors, pour 2013, que pouvons-nous souhaiter ?
L'égalité pour tous ? Il faut y renoncer.
Car le 13 pour certains, est un nombre tabou,
Qui ne peut qu'amener une année malheureuse.
Les autres, plein d'espoir, tomberont à genoux,
Puisque viendra pour eux, une saison chanceuse.

Pour toutes ces raisons, je vais me contenter
De vouloir pour le monde, l'amour et la bonté.
Surtout pas de promesse, pas jouer les risque-tout !
J'aimerais simplement que l'année soit heureuse
Pour ceux qui me liront, et je crois malgré tout,
Que d'ici douze mois, les têtes seront joyeuses.

Bonne année !
Décembre 2012