jeudi 4 novembre 2010

Effort de Mémoire

Les souvenirs sont de frêles oiseaux migrateurs
Qui, périodiquement, revisitent leurs nids,
Surgissant d'un ailleurs, submergeant nos esprits
D'une impériosité qui tantôt, nous fait peur.

Si certains sont chargés de tristesse, de noirceur,
En nous remémorant des moments de dépit,
Les personnes disparues, rancœurs ou tromperies,
Ils nous minent et parfois, agissent en destructeur.

D'autres sont plus légers, et même excitateurs.
Furtifs, insaisissables tels de fins colibris,
Ils nous rappellent gaiement les plaisirs de la vie.
Du rire et de la joie, ils deviennent les vecteurs.


Les souvenirs sont de frêles oiseaux migrateurs
Qui à chaque passage, créent notre biographie,
Jusqu'à ce que la vie ne soit plus notre amie,
Cédant la préséance à ce vil Alzheimer !

Mais qu'ils soient permanents ou juste baladeurs,
Les souvenirs nous aident à modeler nos vies
Car la mémoire est le carburant de l'esprit.
C'est ce qui permet de concevoir des valeurs.

Aussi, dépêchons-nous de jouir des ces acteurs,
Avant que tout s'efface, que nos joies, nos envies,
Nos peines et nos espoirs, ce qui nous définit,
S'envolent dans la fumée d'un incinérateur.


Les souvenirs sont de frêles oiseaux migrateurs
Qui à chaque voyage nous protègent de l'oubli,
Instillant dans les têtes des parents, des amis,
Des images de nous qu'ils gardent dans leurs cœurs.

En ce mois de Novembre où nous couvrons de fleurs
Les tombes de ces gens que nous avons chéris,
Sachons qu'un de ces jours, nous serons, nous aussi,
Simple tas de poussière guettant un visiteur.

Alors, faisons l'effort, tentons cette gageure
De penser plus souvent à ceux qui sont partis,
Afin que la mémoire prolonge ainsi leurs vies,
En espérant qu'un jour, notre image demeure !
Novembre 2010

mardi 19 octobre 2010

"Game Over - Try Again", Monsieur le Président

Mon fils à vingt cinq ans, moi j'en ai cinquante cinq,
Et nous cherchons, tous deux, un quelconque boulot.
Mon pays, égoïste, nous laisse sur le carreau.
Pour que certains grossissent, il faut que d'autres trinquent !

Je ne sais pas pourquoi nous sommes dans la déveine,
Game over, try again.

Il a fait des études, une école d'ingénieur.
Mais, depuis deux années, il squatte la maison,
Cumulant CDD et travaux d'occasions.
Il finit par penser que l'école est un leurre !

En déprimant il erre et traîne sa dégaine,
Game over, try again.

Moi, c'est une autre histoire. J'ai bossé trente six ans
Dans la même entreprise, grimpant les échelons,
Finissant encadrant, lorsqu'un fond de pensions
A repris à son compte notre établissement.

Ils n'avaient rien à faire de la valeur humaine,
Game over, try again.

C'était une bonne affaire, et un refrain connu :
On prend le savoir-faire, puis restructurations,
Délocalisation de toute la production,
Et le tour est joué, avec une plus-value !

Les personnes licenciées se comptèrent par dizaines,
Game over, try again.

C'est tellement facile dans cette société,
Où l'argent est un but et non un instrument,
Lorsque l'appât du gain crée des dérèglements,
Quand un Etat complice, trouve son intérêt !

Car le libéralisme est une vraie gangrène,
Game over, try again.

Tout ceci pour vous dire, Monsieur le Président,
Que si les gens descendent et parcourent les rues
En criant leurs rancœurs, parfois de façon crue,
Ce n'est pas pour jouer ou pour passer le temps !

Ce n'est pas une histoire de viles calembredaines,
Game over, try again.

Au delà des retraites, c'est toute votre action,
Privilégiant toujours les nantis, vos parents,
Tapant à chaque fois, sur les petites gens,
Que simples citoyens, ainsi nous condamnons.

Après les rires jaunes, c'est maintenant la haine,
Game over, try again.

Sept français sur dix souhaitent votre départ,
Constatant que depuis la dernière élection,
Notre pays s'enfonce dans une récession
Qui transforme la vie en un noir cauchemar.

Franchement, c'en est trop, la coupe est plus que pleine,
Game over, try again.

Ah, comme j'aimerai, Monsieur le Président,
Que votre esprit, un jour, finisse par s'éclairer,
Que vous touchiez du doigt, enfin la vérité,
Que vous démissionniez et partiez sur le champ !

Nous chanterions alors, cette drôle de rengaine :
Game over, try again !
Octobre 2010

mardi 12 octobre 2010

Méprise et Sagesse

Bon, comme je n'ai guère eu le temps de versifier ces derniers jours, je vous offre ces deux petits bonbons :

Méprise

"Monsieur, avez-vous du feu, s'il vous plaît ?"
La jeune femme présente au passant le bout de sa cigarette éteinte.
L'homme s'arrête, la regarde et plonge sa main dans la poche de son manteau.
Il en ressort un revolver qu'il place sur le front de la jeune personne, puis appuie sur la détente.
Le tabac nuit vraiment à la santé, marmonne-t-il en remisant son arme.


Sagesse

10 ans, c'est l'âge de l'insouciance.
20 ans, c'est l'âge de l'espoir.
30 ans, c'est l'âge de l'ambition.
40 ans, c'est l'âge de la jouissance.
50 ans, c'est l'âge des certitudes.
60 ans, c'est l'âge des regrets.
70 ans, c'est l'âge des doutes.
80 ans, c'est l'âge de l'attente.
Et la sagesse, c'est à quel âge ?
La sagesse ?
Regarde ce que les hommes font de notre monde et tu verras qu'elle n'existe pas.

dimanche 3 octobre 2010

Déprime Saisonnière

Que reste-t-il à l'homme, lorsque le rêve a fui ?
Une grosse amertume, une mélancolie,
L'impression d'abandon qui doucement l'entoure,
L'idée qu'il n'y a pas d'issue à son parcours.
Il rejoint peu à peu, le monde des zombies,
Mécaniques sans âme qui marchent sans envie.

Comme ces feuilles qui tombent à la morte saison,
Il s'étiole et se fane et sans cesse, tourne en rond.
Le moindre fait l'énerve, et cela l'exaspère.
Et ne peut contrôler son mauvais caractère.
Se sentant isolé, il frise la déraison,
Et entre dans le monde de l'incompréhension.

Au boulot c'est l'enfer. Il se sent hors circuit.
Il voit que ses collègues ne sont pas des amis.
Il voudrait expliquer, qu'ils viennent à son secours,
Mais ils ne le font pas. Nul n'entend son discours.
Il ne trouve que l'indifférence et le mépris,
Et sait qu'il finira viré, sans préavis !

Il se sent étranger dans sa propre maison.
Pour ses proches, il devient un mauvais compagnon,
Sa tête est pleine de vide, son esprit est désert.
Il n'a plus rien à dire, ses sourires sont amers.
Son conjoint, ses enfants, perdent son attention,
La cellule familiale devient une prison.

Il voudrait qu'on lui dise que tout n'est pas fini,
Qu'il faut toujours se battre, croire en ses utopies.
Mais l'avenir n'est plus qu'un trou noir, sans pourtour.
Son étoile s'est éteinte, il ne voit plus l'amour.
Que reste-t-il à l'homme, lorsque le rêve a fui ?
L'envie irrépressible de ne plus être en vie.
Septembre 2010

dimanche 19 septembre 2010

Addiction(s)

J'aurais pu devenir pollueur tabagique,
Enfumant mes voisins ou mâchouillant ma chique.
Craignant par dessus tout, le manque de cigarettes
Ou allant me damner pour une nicorette !
En crachant mes poumons, à peine réveillé,
J'aurais même oublié l'usage de mon nez.
Vivre sans odorat serait le pire fléau,
Car je ne saurais pas ton odeur sur ma peau.

J'aurais pu devenir un buveur, alcoolique,
Dont les mots avinés seraient ponctués de "hic".
Une trogne rougie et un pif en fleurette,
Enivré à la vue d'une simple "fillette".
Malade le matin, à la vue d'un verre d'eau,
Marchant toute ma vie sur le pont d'un bateau !
Ma gorge tant brûlée ne saurait ni le charme
Ni la joie de goûter le sel de tes larmes.

J'aurais pu devenir accroc cocaïnique,
Me noyant dans la dope, par esprit "héroïque".
Le tête obnubilée par d'étranges aventures,
Et les bras constellés de traces de piqûres.
Tremblant de tout mon être lorsque le manque arrive,
Je laisserai mon corps partir à la dérive.
Ne contrôlant plus rien, ni mes mains, ni mes yeux,
Je ne pourrais alors, caresser tes cheveux.

J'aurais pu me plonger à fond dans la musique,
Les oreilles toutes emplies par de lourdes rythmiques.
Obsédé du walkman, le casque bien collé,
Mes esgourdes ne captant que des airs syncopés.
Le volume saturé provoquant la gangrène,
Je serais déjà sourd ou souffrant d'acouphènes !
Mes osselets frappés par ces coups de tambours,
Je ne pourrais entendre tes tendres mots d'amour.

J'aurais pu tout larguer, une envie boulimique
De jouer les globe-trotters, une démarche épique.
Sillonnant les déserts, les villes et les contrées
En voulant tout comprendre, tout vivre, tout observer.
Mais croire que le monde est bien plus beau ailleurs,
Nous fait souvent passer à côté du bonheur.
Mes yeux dans ce fouillis, n'auraient jamais pu voir,
Les courbes de ton corps, lorsque tu dors, le soir.

J'aurais pu tant de choses que je ne ferai pas,
Plein du bonheur de vivre avec toi, près de toi.
J'ai choisi ton amour, le plus beau des voyages
Car lui seul m'a permis d'écrire les quelques pages
D'un roman où le rêve s'efface devant la vie,
Où la réalité, elle seule, me ravit.
Et si j'ai des envies, des appels, des émois,
Mon unique addiction, ne peut être que toi.
Septembre 2010

mardi 14 septembre 2010

Les Foins


Dès le petit matin, j'aime à pointer le nez
Pour emplir mes narines de cette acre douceur
Qui annonce l'été, le plaisir, la chaleur,
Celle de la senteur du foin juste coupé.

C'est l'heure où la rosée perle sur les herbages,
Quand le soleil se traine, retardant son levé,
Voulant à toute fin, allonger les journées,
Faisant du mois de juin, le plus long des voyages.

Cette odeur de fanage me chatouille la mémoire.
Et je pense à ces bottes qu'il fallait ramasser,
Transporter et ranger pour vite les protéger,
En priant tous les saints, qu'ils ne fassent pas pleuvoir.

A l'époque, on disait :"Nous allons faire les foins".
Les parents, les amis, tout le monde était là
Car pour travailler vite, on rassemblait les bras.
Moi, pendant mes vacances, je leur donnais la main.

La besogne était dure. Du matin jusqu'au soir,
A l'aide d'une fourche, on chargeait les ballots,
Pyramide végétale posée sur des plateaux,
Equilibre précaire qu'un caillou faisait choir !

Puis on montait la meule, sur une surface stable,
Architecture agraire transmise de pères en fils,
Cathédrale végétale, promesse tentatrice
Pour tous les animaux enfermés à l'étable.

Mais aujourd'hui les meules, chez nous, n'existent plus,
Remplacées par des "balles", jetées comme au hasard,
Dans les prés, dans les champs, alignement bizarre,
Sans aucune harmonie, un Carnac incongru !

Nul besoin de complices pour charrier ces ballots.
Un tracteur, une remorque, un chauffeur et voilà.
Une seule personne où il fallait des bras.
Le travail s'effectue au son de la radio.

Les colonnes gigantesques de ces balles entassées,
Forteresses du progrès que l'on voit de très loin,
Sont aussi les symboles de ce que l'être humain
Peut créer pour servir la rentabilité.

Bien sûr que les machines ont allégé l'ouvrage,
Rendant plus efficace le travail des champs.
Mais en privilégiant l'idée de rendement,
On oublie surement la notion de partage.

Et on ne verra plus, sortant d'un tas de foin,
Les jeunes galopins et les douces jouvencelles,
S'époussetant le nez, à l'abri d'une ombrelle,
Après avoir passé un doux moment coquin !

Et ces meules effondrées, à la fin de l'hiver,
Etaient pour les gamins des cachettes rêvées.
Tour à tour château-fort ou montagne écroulées
Pour être aventuriers ou jouer à la guerre.

S'il y a des gosses des rues, je suis un môme des champs.
Et la technicité n'efface ni les odeurs
Du travail de la terre, ni surtout les couleurs,
Preuves de l'éternelle récidive du temps.

Et si j'ai de la chance, je verrai détaler,
Peut-être un fin chevreuil ou bien plus simplement,
Un lapin de garenne courant en zigzaguant,
Autour de ces menhirs végétaux dispersés !
Septembre 2010

mardi 7 septembre 2010

Les Ingrédients du Père Soulé

J'avoue que cet été, je ne fus pas galant,
Vous laissant patienter sur des charbons ardents.
Ce qui n'est pas malin !

Vous avez attendu, vous avez mariné,
Sans avoir de réponse au jeu du Père Soulé.
Ce qui frise le dédain !

Avant que la colère n'altère le bouillon,
Et que notre amitié tourne en eau de cochon,
Ce qui serait crétin !

J'ai enfin décidé de vous sortir du bain
Marie, qui nous regarde, en sera donc témoin.
C'est sûr, il a un grain !

Voici donc, les amis, en guise de conclusion,
Les seize éléments, l'unique solution.
Mais qui a dit enfin ?

Il fallait donc trouver :
- Le sel (1) et le poivre (2) dans : "Plus de sel que de poivre, dans..." (là, c'était trop facile !)
- Le saucisson à l'ail (3) dans :"Chaque jour (...) comme un sot, six sons. A l'ail, base de ..." (OK, un peu tiré par les cheveux !)
- L'ail (4) dans : "Joue avec ses couteaux et parfois, aïe, se coupe"
- Le concentré de tomate (5) dans : "Il se concentre et tôt, mate le résultat" (no comment !)
- La saucisse (6) dans : "Il admire, goûte et sauce, hisse son jugement" (évident, non ?)
- La graisse d'oie (7) dans : "Il agrée, se doit d'être encore..." (plus ardu et peut-être mon préféré !)
- Le lard fumé (8) dans : "Car pour lui, c'est de l'art ! Fumée disent les voisins" (pas si difficile que cela !)
- Le vin (9) pour accompagner le repas, dans : " C'est vrai qu'il (...) il cuisine en vain"
- L'eau (10) dans : "Il aurait bien voulu leur offrir ce cadeau"
- Le thym (11) dans : "Il a le teint blafard..." (les plus simples sont parfois les plus difficiles à trouver !)
- La poitrine de porc (12) dans : "... et mal à la poitrine. De porridges en langoustes..." (rigolo, celui-là, j'adore !)
- Les flageolets (13) dans : " Il n'a plus de courage, voit ses jambes flageoler" (trop facile !)
- Le petit salé (14) dans : "Il se sent petit, sale et voudrait s'arrêter" (celui-là, j'aime bien !)
- Le laurier (15) dans : "Jamais il ne ceindra sa couronne de lauriers" ( ça, c'était cadeau !)
- Les oignons (16) dans : "Et tant pis si tout pète, ce n'est plus ses oignons !"

J'ai une pensée pour tous ceux qui sont tombés dans le piège de la farine, dans : "Atteindre l'absolu, ce phare inexistant".

Et c'est Véronique qui fut la plus rapide (et la seule !) à donner tous les ingrédients.
Enfin, merci à tous pour votre participation .

lundi 6 septembre 2010

Be back

"Hé ho ! Déjà trois mois que tu n'as rien écrit !
Remue-toi la paillasse et sors donc de ton lit !
Sais-tu que sur ton blog tu as quelques amis
Qui voudraient, je l'espère, partager tes écrits ?

- C'est qui, "ki" cause ainsi ? Un fantôme en livrée
Ou bien plus simplement ma conscience réveillée ?
Je n'ai guère travaillé cet été, je l'admets
Et je ne sais pourquoi je suis resté muet.
Ai-je subi le spleen du poète tourmenté
Qui regarde, abêti, sa plume se dessécher ?

- Ne dis pas de bêtises, cesse ces idioties
Ou ta tête deviendra un gros pot de gelly !
Tape sur ton clavier, clique sur ta souris,
Remets-toi à la tâche, les vacances sont finies !

- Non mais, petite voix, tu m'agaces le nez.
C'était une métaphore, je pense que tu connais !
J'écris ce que je veux, en toute liberté,
Même si des noirceurs perturbent ma pensée.

- Ah ! Je ne le crois pas ! Te voici reparti :
Tu veux nous faire accroire que tu as des soucis,
Des craintes sur l'avenir, un futur interdit.
Que notre société, jouant notre asphyxie,
Fait que la création, elle aussi, s'est enfuie !

- Est-ce que l'inspiration peut aussi s'envoler,
Comme les hirondelles, une fois l'été passé ?
C'est vrai que ce curseur qui clignote sans arrêt,
En haut de la page blanche, commence à me lasser.
Il est temps de s'y mettre, cesser de cogiter,
De croire que mes histoires n'ont aucun intérêt.
Dans ce monde indocile où certains vivent terrés,
Enfermés dans leur bulle, se sentant étranger
Même pour leurs voisins, voire refusant d'aimer,
Nous devons, à chacun, essayer d'apporter
Un peu de bonne humeur ou un sourire discret.
Et même si mes textes semblent parfois légers,
Ils n'ont qu'un seul mérite, simplement exister.
Alors, tant pis pour vous, mais je vais continuer
A essayer de pondre des textes versifiés
Qui pourront, je l'espère, vous plaire, vous étonner,
Vous émouvoir et puis parfois vous faire grogner.
Quant à la petite voix, elle ira se cacher
Jusqu'à la prochaine fois, si je traine les pieds
Pour vous offrir un mot. Car on ne sait jamais....
Septembre 2010

vendredi 11 juin 2010

Cauchemar aux Fourneaux

Oyez beaux damoiseaux et gentes damoiselles,
Une histoire édifiante et néanmoins cruelle :
Celle de l'obsession du pauvre père Soulé
Qui voulait, sur le tard, devenir cuisinier.
Ayant travaillé dur durant toute sa vie,
Il n'avait jamais pu céder à cette envie.
Depuis ses quatorze ans, il allait à l'usine,
Et restait planté là, debout, à sa machine.
C'est donc avec plaisir qu'à l'âge de soixante ans,
Il partit en retraite, souriant et confiant.

Cela fait maintenant une dizaine d'année
Qu'il vit dans sa cuisine, solitaire, obsédé
Par l'idée de créer une daube sublime
Qui réconcilierait Epicure et régime !
Pour ce faire, il a même transformé sa maison,
En supprimant les pièces, abattant les cloisons,
Pour pouvoir installer son cellier, ses frigos,
Sa table à préparer, sa cave et son piano.
Il a juste gardé pour son intimité,
Un coin pour déposer sa paillasse, son chevet.

Il ne sort presque plus et reste ainsi cloîtré,
Sauf pour aller chercher, lors des jours de marché,
Les nouveaux ingrédients qu'il veut incorporer
Dans sa recette magique, pour tenter d'arriver
Au nirvana suprême, se croire au firmament,
Atteindre l'absolu, ce phare inexistant.
Plus de sel que de poivre, dans ses rares cheveux,
Les aromates, à force, lui picotent les yeux.
Il entend dans sa tête, six voix venues d'ailleurs
Qui lui donnent des conseils, ou veulent faire son malheur.

Il se croit investi d'une divine mission !
Chaque jour il attend ces, comme un sot, six sons.
A l'ail, base de tout, il ajoute tout et rien,
En se disant qu'un jour, et pourquoi pas demain,
Il trouvera enfin la clef de ce mystère.
Mais sa propre impatience, toujours le désespère.
Il s'agite, tournoie, fait tomber les soucoupes,
Joue avec ses couteaux et parfois, aïe, se coupe !
Chaque fin de cuisson le met dans l'embarras.
Il se concentre et tôt, mate le résultat.

Il admire, goûte et sauce, hisse son jugement.
Il agrée, se doit d'être encore plus exigeant.
Bref, en définitive, il n'est jamais content !
Cela fait rigoler les passants, tous ces gens
Installés, comme il faut, qui le prennent pour un fou.
Il finit par penser qu'ils ne sont que jaloux,
Car pour lui, c'est de l'art ! "Fumée, disent les voisins,
Faire bouillir un tendron, ce n'est pas très malin !"
C'est vrai qu'il n'avance pas et qu'il cuisine en vain.
Très affligé, il pleure, la tête dans ses mains.

Il aurait bien voulu leur offrir ce cadeau,
Pour enfin faire taire ces stupides ragots.
Mais il est fatigué, ces critiques l'assassinent.
Il a le teint blafard et mal à la poitrine.
De porridges en langoustes, il a tout essayé.
Il n'a plus de courage, voit ses jambes flageoler.
Il se sent petit, sale et voudrait s'arrêter.
Jamais il ne ceindra sa couronne de lauriers !
La tête dans son four, il met le gaz à fond.
Et tant pis si tout pète, ce n'est plus ses oignons !

Epilogue
Suivant le corbillard, qui va au cimetière,
J'entends les commentaires de certaines mégères
Qui, encore, se moquent en le voyant passer,
Créant cet épitaphe : "C'était un cas, Soulé !"
Juin 2010

Voilà, voilà, tout ça pour ça !
Parfois, j'ai honte....
Félicitations pour être arrivé jusque là !
Mais ne vous fâchez pas, il y a un jeu "culinaire" dissimulé dans le texte :
Qui pourra retrouver les 16 éléments de base de cette ......... daube ?

mardi 8 juin 2010

Péter la Mogette (P'tite chanson)

Je sais que ma plume paresse,
Que je peine sur mes écrits.
Ma page blanche s'agrandit,
Ma rédaction est en détresse !
Pourtant les beaux jours sont venus :
Le printemps, l'heure du renouveau,
Et le retour des p'tits zoziaux.....
C'est trop mauvais ! Je suis fichu !

Il faut que cette histoire s'arrête,
Ou je vais péter la mogette !

Merci de ne pas m'en vouloir,
Car ce n'est pas de mon plein gré
Si je vous prive de mes dragées.
Coup de déprime, de désespoir.
Mais, peut-être, sont-ce les soucis
Qui me taraudent, prennent ma caboche.
Mon avenir me semble moche,
Tous mes rêves se sont évanouis.

Il faut que cette histoire s'arrête,
Ou je vais péter la mogette !

L'imagination en déroute,
Je tourne en rond comme un cloporte.
Absent, caché derrière ma porte,
Comme un réfugié à Beyrouth.
Enfoncé dans mon canapé,
Les yeux scotchés à mes écrans,
Web et télé, omniprésents,
Je vis le monde et ses dangers.

Il faut que cette histoire s'arrête,
Ou je fais péter la mogette !

Mais quelle est cette réalité
Que l'on nous martèle à loisirs ?
Lavage de cerveau pour construire
Un univers virtualisé ?
E-mail, i-pad, facebook, twiter
Sont les nouvelles clés du bonheur.
Vivre seul pour un monde meilleur,
Aseptisé, friqué, "fliqueur" ?

Il est tant que ce monde s'arrête,
Ou je fais péter la mogette !

Mais comment faisions-nous avant
Pour se connaître, se dire bonjour,
Se sourire, rencontrer l'amour,
Pour vivre ensemble, tout simplement ?
Certains cherchent à nous arnaquer,
Nous écraser, nous mettre en miettes.
Face à ces miroirs aux alouettes,
Monte en moi l'envie de scander :

Je sens venir une tempête,
Nous ferons péter la mogette !!
Juin 2010

dimanche 9 mai 2010

Encore et Toujours

Miracle du réveil, allongé dans le lit,
Je te sens reposer, étendue près de moi.
J'ouvre à peine les yeux et déjà, je souris
En pensant au bonheur d'être là près de toi.
Est-ce un sixième sens ou le fait d'un génie ?
Toujours dans ton sommeil, tu te roules vers moi.
Tu claques un doux baiser bien qu'encore endormie.
Je ne peux, simplement, que t'ouvrir mes bras.
En poussant un soupir, tu te loves, te blottis.
Et comme chaque matin, je reste couché là,
Attendant ton éveil, ton retour à la vie,
Comme une sentinelle qui veillerait sur toi.

Je perçois des murmures et autres chuchotis.
Je vous entends déjà pester sur ce coup là :
"Le câlin ? C'est malin, tu l'as déjà écrit !
Faut se renouveler, changer d'apostolat !"
C'est vrai, je vous l'accorde, et j'en suis fort marri.
Je voudrais bien changer, pourtant, à chaque fois,
Je suis emprisonné par cette douce folie,
Ce bien-être insensé, ce bonheur délicat.
Ce n'est pas de ma faute. Je n'y suis pour rien si
De mon inspiration, je ne maîtrise pas
Les circonvolutions, les détours, les envies.
Lorsque l'amour commande, je ne suis qu'un soldat !

Le réveil sonne déjà. Voilà, j'en ai fini !
Alors, pardonnez-moi et ne m'en veuillez pas
De m'attendrir sur celle qui partage ma vie.
Et de, chaque matin, sentir au fond de moi,
Mon cœur battre pour elle, jugulant mon esprit.
Bien exquise prison que cette geôle-là !

Et de lui susurrer de tendres mots d'amour
Afin qu'elle sache bien que je l'aimerai toujours.
Mai 2010

dimanche 2 mai 2010

Visite au Zoo


Triste petit primate, mais que regardes-tu ?
Guettes-tu, du passant, le jet de cacahouètes ?
D'où vient ce désarroi, en voyant ces silhouettes ?
Aurais-tu peur de l'homme, ce drôle d'individu ?

Tu lui reproches sans doute, ce vil enfermement
Qui réduit ton espace, te prive de liberté,
Ne te laisse simplement, que l'envie de rêver
Au plaisir de croquer la vie à belles dents.

Il paraît que c'est pour une action scientifique.
Qu'il ne s'agit rien d'autre que d'un mal nécessaire
Pour sauver ton espèce, pour que tes congénères
Puissent avoir, bien plus tard, une vie magnifique !

Mais au fond de ton cœur, tu sais que ce cachot,
Devant lequel les gens passent en rigolant,
croyant que tes grimaces sont un amusement,
N'est en fait, rien de plus que ton triste tombeau.

Mais je vois dans tes yeux, simplement le miroir
De notre société, que l'on dit avancée.
Ton regard, je le trouve chez les déshérités,
Chômeurs ou résignés, qui vivent le désespoir.

Où sont passées nos joies et nos curiosités,
Notre envie de créer enfin un monde meilleur ?
Où les individus, égaux face au bonheur,
Croyaient en l'avenir de notre humanité.

Tu vois, petit primate et donc aussi, mon frère,
La prison n'est pas faite seulement de barreaux.
C'est en vidant les têtes que l'on crée les cachots
Qui laissent ainsi les hommes stagner dans la misère.

En te voyant ainsi, j'ai envie de pleurer.
Et basta si je passe pour un triste bavard,
En disant à ce monde que ton si clair regard
Est le simple reflet de notre société.
Mai 2010

samedi 24 avril 2010

Agates de Mer

Etranges gouttes d'eau restées là sur la plage.
Galets gélatineux laissés par la marée ?
Riches diamants échoués, résultat d'un naufrage ?
Ou bien pullulation de quelque invertébré ?

Lors je me baladais, en longeant le rivage,
Profitant ce jour-là, du soleil printanier,
Le cœur émoustillé, sujet au badinage,
Je suis tombé, surpris, sur ces grappes amassées.

La marée descendait, laissant comme une épave,
Toutes ces fines billes, étrange chapelet,
Une ligne montrant, comme ferait un cordage,
La limite des vagues, du ressac, le sommet.

D'où pouvaient-elles venir. Quel bizarre arrivage !
Etait-ce d'un géant qui voulait s'amuser ?
Comme un jeune bambin, avec ceux de son âge,
Joue avec des agates, dans la cour de récré.

Je me penchais pour voir ce drôle d'aréopage,
N'osant toucher du doigt, faible témérité !
De petits animaux diaphanes tel un vitrage,
Sans doute des cnidaires, venues ici, s'échouer.

Mais pas un seul adulte dans ce triste étalage.
Des larves planuras ? En tout cas des bébés.
Connaîtront-elles un jour l'ivresse d'un grand voyage,
Ou bien finiront-elles sur ce sable mouillé ?

Rêvent-elles seulement de quitter ces parages ?
Retrouver les armées d'ombrelles immergées
Qui au fil du courant, lentement, sans ambages,
Suivent l'onde maîtresse, vont vers leurs destinées.

Mais ne nous laissons pas leurrer par cette image.
Animaux de combat, parfaitement armés,
Dont piqûres et brûlures constituent l'apanage,
Ils sont, mine de rien, prédateurs redoutés.

Mais avec trois pour cent de chair pour tout bagage,
Ces outres gonflées d'eau, que l'on voit en été,
Amalgamées aux algues, sécher sur nos rivages,
En voyant ces agates, je doute de mon idée !

Car depuis deux semaines, je suis dans le cirage !
Je n'ai pas reconnu ces bestioles émergées.
Collé et bouche close, tel un fin coquillage,
J'en reste donc baba, pour tout dire.....médusé !
Avril 2010

samedi 17 avril 2010

Photo Mystère Avril 2010

Eh ben, C'est quoi ce truc ?

Comme je n'ai pas eu le temps de vous concocter un écrit depuis deux semaines, je vous propose une "photo-mystère" qui fait peur !!
Place à votre imagination, à votre culture ou à vos souvenirs de vacances pour me donner la bonne réponse...

dimanche 4 avril 2010

Œuf de Pâques (Gourmandise !)

D'abord, tu le regardes, enrobé d'un papier
Qu'un rayon de soleil, juste en le chatouillant,
Fait jaillir sous ton nez un nuage irisé,
Prémices, assurément, d'un bien joli moment.

Tu approches ta main. Tes doigts sont écartés.
Tu frôles son habit, mais ne le touches pas.
Tes bras sont arabesques pour ne pas se presser.
Tu retiens ton envie, accentuant ton émoi.

Car il est prêt à fondre, enfin tu te décides.
Les gestes mesurés pour ne pas se hâter.
Mais ton cœur s'accélère, gonflant ta carotide.
Tu déchires son haut, en froissant le papier.

Lentement, sa tunique glisse le long du corps,
Découvrant ce jardin de plaisirs espérés.
Tu tournes un peu autour, admirant ce trésor
Et savourant d'avance cette félicité.

Tes pupilles se dilatent devant cette rondeur
Qui exhale sous ton nez, un enivrant parfum.
Sa couleur africaine est un accroche-cœur
Qui t'incite à céder à ce tendre festin.

Tu caresses sa coque, sa douceur te trouble.
Fine soierie d'orient, doux carré d'alpaga !
Tu fermes fort les yeux, car ton envie redouble,
Explosant de mille feux au creux de l'estomac.

Alors, tu n'y tiens plus, tu croques à belles dents.
Ta langue est excitée. Sensation douce-amère
Qui descend dans le fond de ta gorge, lentement
Tu te laisses pénétrer par ce bonheur primaire.

Le plaisir fut intense mais pour toi bien trop bref.
Tu veux y retourner, mais là, tu n'oses pas.
Ta tête te retient, elle te fait des griefs.
Tu voudrais renoncer mais tu ne le peux pas !

Un drôle de sentiment de gène et d'allégresse
Remplit toute ton âme, devant ce plaisir fou.
Tu succombes à nouveau, grisée par cette ivresse....
Et les kilos en trop, aujourd'hui, tu t'en fous !!
Avril 2010

jeudi 1 avril 2010

Je n'attends plus les Hirondelles

En sortant ce matin, au levé du soleil,
Comme je levais le nez pour regarder le ciel,
Je sentis quelque chose me frôler les oreilles :
Elle était enfin là, la première hirondelle !

Je l'ai vu faire trois fois le tour de la maison
Afin de vérifier que tout était en place,
S'assurer que pendant cette morte saison,
Aucun travail douteux ne serait une menace.

Puis elle s'est posée sur une des cheminées,
Celle qui ne fonctionne pas, pour retrouver le nid
Qui lui servit d'abri pendant l'été dernier,
Heureuse d'arriver, son périple accompli.

Oh, je connais la suite, je sais tout le rituel :
Pendant cinq ou six jours, je ne verrai plus rien,
Le temps que la famille arrive, en ribambelle,
Délaissant pour un temps son soleil africain.

Et puis, commencera une folle sérénade,
Des histoires de nids qu'il faut récupérer.
Ce ne sera que cris, poursuites et "en...becades"
Jusqu'à ce que chacun puisse enfin se loger.

Et nous, nous pesterons d'être ainsi réveillés,
Avec, malgré tout, sur nos lèvres un sourire,
Car ce charivari nous promet un été
Où nous aurons le temps de vivre, aimer et rire.

Je ne m'étais trompé que d'une simple semaine,
Et mon moineau rieur pouvait bien se moquer !
Mais cette folle attente était loin d'être vaine,
Car depuis ce matin, je suis récompensé.

D'un trait sur l'almanach, je marque ce jeudi
Qui est, comme c'est curieux, le premier jour d'avril.
Et pourtant je vous jure que je n'ai pas menti.
Un poisson comme cela serait trop infantile !

On dit qu'une hirondelle ne fait pas le printemps.
Pourtant, c'est étonnant qu'elle arrive aujourd'hui,
Puisqu'au premier avril, il y a bien longtemps,
On fêtait l'an nouveau, le retour de la vie.

C'est drôle comme parfois, le hasard fait bien les choses !
Non ?
Avril 2010

samedi 27 mars 2010

J'Attends les Hirondelles

Assis sur un perré, j'attends les hirondelles...
Ce granit est humide, quelques traces du gel
Qui, c'est vrai, cet hiver nous a tant engourdis,
Confortant nos envies de rester dans nos lits !
Mon fessier se nécrose pour soigner ma cervelle
Qui a cru au miracle en entendant l'appel
D'un moineau de gouttière, un piaf tout riquiqui
Qui dès potron-minet, chantait au bord du nid.
Le sommeil perturbant mes organes sensoriels,
J'ai cru que de l'hiver, nous sortions du tunnel.
Sans perdre une seconde, j'enfilais mes habits,
M'asseyais sur ce mur pour guetter mes amies.

Erreur d'appréciation, petit péché véniel
Qui me fit croire si tôt, à un printemps virtuel !
Que fais-tu maudit piaf, ris-tu de mon dépit ?
Ah, mais fais attention, compte tes abattis !
Est-ce encore pour railler que là, sur la margelle
D'une fontaine mouillée qui suinte du dégel,
Je te vois sautiller, lancer de petits cris ?
Veux-tu me consoler ou bien me dire merci
De t'avoir tout l'hiver, donné comme "antigel",
Des boulettes de graines et de graisse naturelle ?
Tu n'es pas migrateur donc, tu n'es pas parti
Rechercher la douceur en quittant mon logis.

Dans ces pays lointains où la vie semble belle,
Où l'on cache la misère en ouvrant une ombrelle,
Où l'éternel été, fait tant rêver ici.
Mais où l'on meurt de faim ! Bien étrange paradis.
Drôle de petit moineau, au plumage arc-en-ciel,
Tu te moques de moi comme de polichinelle.
C'est toi qui m'a trompé, qui a joué au bandit !
Pardon ? Que me veux-tu ? Quel est ce gazouillis ?
Tu danses, tu dodelines de façon continuelle.
Aurais-tu par mégarde, abusé d'hydromel ?
Tu fais même le clown en poussant tes cui-cui.
Et malgré mon humeur, tu gagnes car je souris !
Mars 2010

dimanche 7 mars 2010

La Tempête Xynthia

Je suis de ce pays, de L'Aiguillon sur Mer.
Mes aïeux, mes parents reposent au cimetière.
En voyant aujourd'hui, ce lieu dans la misère,
Je sens au fond de moi, s'insinuer la colère.

Une étrange colère, teintée d'indignation,
En écoutant ces bulletins d'informations,
Où les intervenants, pour chercher des raisons,
Enoncent des bêtises, des élucubrations.

J'entends des "j'savais pas", des "inimaginables",
Alors que vos maisons sont bâties sur du sable !
Dire que c'est une surprise devient inconcevable,
lorsque derrière des digues, on construit à la diable !

Le "marais desséché" est un espace de terre
Que l'homme a patiemment, grignoté sur la mer.
Comme hier, en Hollande, à l'aide de polders,
Il a pu façonner cette surface agraire.

J'ai aussi entendu :"elle a repris ses droits",
En parlant de la mer. Mais est-ce de bon aloi ?
Et plutôt qu'affirmer, se demander pourquoi
L'océan est venu s'installer sous vos toits ?

Est-ce parce que nous oublions nos devoirs,
Que l'onde, en s'énervant, donne des coups de butoir ?
Ou qu'afin de construire d'innombrables dortoirs,
Nous avons supprimé ses espaces-déversoirs ?

Lorsque j'étais gamin, et même plus tard, ado.,
Je sillonnais les rues et chemins à vélo.
Revenir de La Pointe, et le vent dans le dos,
Arriver sur le port, pour guetter les bateaux.

A La Faute, près des dunes, nous allions pédaler.
Et le pont traversé, le plaisir nous prenait.
C'était un pur bonheur, le fait de musarder
A travers les pinèdes, les vignes, les prés salés.

Près de la Pointe d'Arçay, après les Amourettes,
La forte odeur des pins nous montait à la tête.
Et cette ombre complice, nous offrant une cachette,
Nous incitait à faire une sieste discrète.

Bien des étés plus tard, une trentaine d'années,
Ces tendres souvenirs, j'ai voulu retrouver.
A La Faute sur Mer, je suis donc retourné,
Simple curiosité, juste me promener.

Mais, très désemparé, je n'ai rien reconnu.
Avec ces constructions, je me suis même perdu !
Des maisons, des villas, des campings et des rues,
Les images de l'enfance, elles aussi, disparues.

Les vignes du grand-père où nous allions, enfants,
Casquettes nous protégeant d'un soleil écrasant,
Grappiller des raisins, les parents vendangeant.
Plus rien de cet endroit, parti dans le néant.

A L'Aiguillon aussi, au lieu du "Communal",
Tout un tas de maisons, lotissement banal !
Les "relais", le système anti-crue ancestral ?
Recouverts de logis, sombre manne commerciale !

Souvenons-nous des mots lancés par nos aînés :
"De tous temps, l'océan peut venir nous gronder,
Nous ne sommes dans ses mains, rien d'autre que des jouets
Qu'il tolère simplement ou bouscule à son gré".

J'ai, lors de mes recherches, trouvé un document,
Trois mots sur un registre, de près de trois cents ans
Où le curé de Grues racontait simplement
La rupture des digues et un débordement.

Mais ce qui est frappant, dans ce court compte-rendu,
C'est la similitude de ces faits survenus
A trois siècles d'écart. Ces épisodes vécus,
Peut-on les qualifier, aujourd'hui, d'imprévus ?

Et quelles furent les idées, les envies, les appâts
Des édiles locaux, des services de l'Etat,
Pour avoir oublié, volontairement ou pas,
La mémoire des hommes, cette conscience-là ?

Mais malheureusement, je crois que c'est l'argent
Qui incite le monde à être moins prudent.
Et l'on est criminel, si volontairement,
Pour du fric, on ne tient pas compte des éléments !

Il a fallu attendre d'avoir plus de vingt morts
Pour que dans les esprits, on reconnaisse ses torts.
Mais il est un peu tard pour avoir des remords,
La suffisance de l'homme crée la boîte de Pandore.

Avant que de douter complètement de l'homme,
Que pour toutes ses fautes, il subisse un pensum,
Se trouvant emporté dans un grand maelström,
Je propose une pause, ensemble, ad libitum.

A quoi sert de vouloir combattre la nature ?
Est-ce véritablement une preuve de culture
Ou de discernement, que de prendre une armure
Et s'isoler du monde, en créant des clôtures ?

Car si Neptune s'énerve, profondément lassé
De voir les océans, par l'homme, si malmenés,
Respectons ses colères, ses élans de dureté,
Laissons-lui de l'espace, sachons le respecter.

Mais l'homme dédaigne trop l'élément naturel.
Il se pense supérieur, mais vit dans l'irréel.
Vouloir tout dominer, ce rêve irrationnel,
N'est de fait, que le vrai péché originel.

Ne pas se croire plus fort, mais être intelligent,
S'adapter à son monde, à son environnement,
Nous permettra, à tous, inévitablement,
De comprendre et de vivre avec les éléments.

De cette anse, face à Ré, l'homme n'est que locataire,
Mais son propriétaire sera toujours la mer.
Et s'il faut des endroits pour travailler la terre,
Une grande humilité est un mal nécessaire.
Mars 2010


"Le onze décembre 1740, les eaux coupèrent le bot de Groleau et celui de Garde en plusieurs endroits. Elles restèrent sur les paroisses de Grues, de St Denis, de St Michel et de Triaize, six semaines. Le bot de Bourdin fut coupé le 13 décembre même année. Tous les blés furent perdus. L'année suivante, 1741, fut des plus sèches qu'on n'ait jamais vu. Il ne se faucha point de foin dans toute la paroisse de Grues ni dans les prés hauts des autres paroisses."
(le bot de Bourdin est toujours sur les cartes IGN)

mardi 23 février 2010

Envie d'Evasion


En ce milieu d'hiver où la lumière nous manque,
Où le soleil blafard ne peut nous réchauffer,
Lésinant ses bontés comme une vulgaire banque,
On voudrait tant partir pour retrouver l'été.

Rêver à des croisières, voguer sur la mer bleue,
Retrouver la quiétude de ces vieux paquebots
Qui cherchaient à gagner le fameux "Ruban Bleu"
Pour accrocher au mat, cet étrange calicot.

Ou bien sur une pulsion, sauter sur un cargo,
Sans savoir où il va, pour chercher l'aventure,
Personnage de roman, se sentir un héros,
Sentant sur son visage, des embruns, la morsure.

On voudrait tant partir, se retrouver à bord,
Etre comme un enfant devant un arc-en-ciel.
Mais, comme tout un chacun, on reste sur le port,
Scrutant les nuages noirs qui sur nous, s'amoncellent.

Neige ou pluie, c'est au choix ! Et pour se consoler,
On tire les rideaux, on se couche, malicieux,
Car les plus beaux voyages, sont ceux imaginés
Bien au chaud sous la couette, juste en fermant les yeux.
Février 2010

dimanche 14 février 2010

Acrostiche Valentinien

Du fin fond de mon cœur, repaire de mon âme,
Où mon amour pour toi fait jaillir cette flamme,
Magistrale brillance qui depuis trente années
Inonde de soleil nos deux vies fusionnées,
J'ai un aveu à faire : tu es toute ma vie.

Et toujours, le matin, bien qu'encore endormie,
Tu te blottis, confiante , dans le creux de mes bras,
Alors je sens ton cœur qui bat tout contre moi.

Il rythme ma pensée, tend à me faire bohème.
Mes lèvres à ton oreille s'ouvrent sur ce poème,
Enivrées par l'idée de te dire que je t'aime.
Février 2010

samedi 30 janvier 2010

Quatre-Quarts Paysan (Recette !)

En ces temps de froidure, je crois qu'il est grand temps
De vous recommandez mon Quatre-quarts Paysan !
Ce n'est pas un gâteau, préservons nos kilos !
Ni un plat pour les fêtes, il n'est pas assez beau.
Non, c'est tout bonnement un potage qui s'apprête
A bien nous réchauffer, dont voici la recette :

D'abord, se procurer, en bio de préférence,
Un kilo de poireaux, le vert de l'espérance,
Un kilo de tomates, le sourire de l'été,
Un kilo de carottes, pour un bon goût sucré,
Un kilo de patates qui nous lient à la terre.
Ce sont les éléments de base nécessaires.

Mais on peut y adjoindre, en moindre quantité,
Du chou ou du fenouil, céleri ou navet.
J'avoue que pour ma part, pour donner du velours,
Je mets dans mon brouet, deux beaux topinambours.
Ce pauvre tubercule, décrié par l'histoire,
Mérite de sortir du fond de nos mémoires.

Après avoir pelé et rincé ces légumes,
Choisir un grand faitout, attention au volume !
Ne pas trop les tasser et ne pas oublier
D'ajouter un oignon en morceaux, découpé
Ainsi que deux gousses d'ail. Et d'un geste naturel,
Pour couronner le tout, une poignée de gros sel.

Verser sur ce mélange, au moins trois litres d'eau,
Pour à peine recouvrir, juste une mise à niveau.
Mais faites attention, car plus vous verserez,
Plus la soupe sera fluide, perdant son velouté.
Après avoir couvert, ouvrez le feu à fond,
Pour atteindre bien vite, le point d'ébullition.

Lorsqu'enfin l'eau bouillonne, diminuez la flambée.
Ajouter des épices, du poivre pour relever.
Pour ma part, je préfère diluer simplement
Un peu de "mild-cury", pour tout assaisonnement.
Une demi-cuillère à café et c'est tout !
Ensuite, quarante minutes de cuisson à feu doux.

Vous avez un moment pour faire plein d'autres choses.
Lire, écrire, dessiner, faire du sport ou une pause !
Mais quand le minuteur, de son bip agaçant,
Vous casse les oreilles, vous savez qu'il est temps
d'aller "cessez le feu" ! Et c'est avec vigueur
Que vous ôtez le pot de la source de chaleur.

Maintenant la cuisson est enfin terminée.
Mais ce n'est pas encore le temps de consommer.
Sortez de vos tiroirs votre mixer à main
Pour mélanger le tout et ce, avec entrain.
Pour que votre brouet soit un vrai velouté,
Allez-y à cœur-joie pour tout bien écraser !

Vous venez d'obtenir quatre litres de soupe,
De quoi réconforter une petite troupe
D'une quinzaine de convives, par le froid anémiés.
Pour varier les plaisirs, dans l'assiette, ajoutez
De la crème, des croutons ou bien des champignons.
A vous d'utiliser votre imagination !

J'aperçois, étonné, vos visages contrits.
C'est un drôle de poème qu'il nous sert aujourd'hui !
Où sont le romantisme, l'absurde, la rêverie ?
C'est une galéjade, une forfanterie !
Pourtant il n'y a là aucune tromperie,
Ce texte, je l'ai écrit par pure sympathie.

Une dernière chose, car je vous sens grognon,
Essayez ce potage, je vous jure qu'il est bon !!
Janvier 2010

dimanche 24 janvier 2010

Déménagement


Montagne de cartons, bric-à-brac entassé,
Formidable dédale où la vie s'entrechoque.
Petits bouts d'existence, paquets amoncelés,
Remparts protecteurs d'une cité baroque.

Il a fallu faire vite pour tout conditionner,
Bien protéger les meubles, pour éviter les chocs.
La tâche fut ardue, et enfin terminée,
L'empilement est là, solide comme un roc.

Monceaux de souvenirs que l'on doit emmener,
Aiguillons de mémoire qui font partie du stock
De peines et d'émotions, d'amours et de gaîtés,
Sans lequel, c'est certain, nous resterions cinoques.

Mais c'est au déballage, lorsqu'il faut tout caser,
Que l'on se sent déjà, devenir de vieux chnoques.
Etait-il nécessaire de vraiment tout garder ?
Pour vivre, a-t-on besoin de toutes ces breloques ?

Il faut prendre son temps, et ne pas s'affoler,
Même si, tout à coup, comme un électrochoc,
On retrouve dans un livre, une lettre pliée,
Qui nous remue le cœur, nous donne un coup d'estoc.

Un petit mot d'amour, un billet griffonné,
Qui nous titille l'âme et surtout nous évoque
Cet amour de jeunesse, ce tout premier baiser,
Ces lèvres au goût sucré, joli fruit que l'on croque.

Et pourquoi garde-t-on ce tee-shirt délavé,
Sans forme et imprimé : "Cool Baby, I'm a Rock"?
Celui que tu portais, quand nous nous sommes croisés,
Look maintenant "has been", dont ensemble on se moque !

Un déménagement, c'est vouloir s'en aller
Pour tout recommencer, dans une autre bicoque.
Mais comme l'escargot, notre dos est chargé
De tout notre vécu. On garde tout en bloc !

On ne peut oublier nos fiertés, nos regrets,
Ainsi que nos lâchetés, ces moments équivoques.
Car partir pour ailleurs, c'est aussi accepter
D'être ce que l'on est, d'emporter ses défroques.

Ce besoin d'autre-part, cette envie de bouger,
Où hier et demain, ensemble se provoquent,
C'est un pont qui relie l'avenir au passé,
Pour un nouveau départ, un changement d'époque.
Janvier 2010

samedi 2 janvier 2010

Voeux 2010

Vous adresser mes vœux, n'est jamais un supplice.
Ils sont toujours sincères, prévenants, sans malice,
Et n'envisagent pour vous que des joies, des délices,
La santé, le bien-être, sans aucun sacrifice.

C'est un lien d'affection, comme un instant complice,
Un moment de chaleur, une fraîche oasis.
Des contours du bonheur, une ébauche, une esquisse,
Dans ce monde égoïste, négatif et factice.

Souhaiter que tous les hommes raisonnent et réfléchissent
A un futur meilleur et qu'enfin ils bâtissent
Une vie peinte en bleu comme un volubilis,
Un monde sans violence, c'est un vœu de jocrisse !

Pourtant, j'aimerais croire, entendre les prémices
De ce bouleversement, d'une poussée novatrice.
Car si chacun de nous laissait tomber Narcisse,
Voleraient en éclats, toutes les injustices.

C'est donc intimidé, rouge comme une écrevisse,
Sans être sous l'effet d'un quelconque cannabis,
Qu'à l'image des poètes, ménestrels de jadis,
Je vous souhaite simplement, sans autres artifices :

"Bonne Année 2010"
Janvier 2010