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Lors de quelques vacances, tout près de Monastir,
Entre maintes images et autres souvenirs,
Soleil,et promenades, découvertes et plaisirs,
J'ai gardé en mémoire la beauté d'un sourire.
Jeune femme soignée, polyglotte, diplômée,
Par le monde qui l'entoure, toujours intéressée,
Avide d'expliquer et de nous dévoiler
Les charmes de ce lieu que l'on ne peut qu'aimer.
Mais parfois dans vos yeux, une ombre de tristesse
Assombrissait vos dires, tuait cette allégresse,
Lorsque vous abordiez, toujours avec adresse,
Les attentes, les espoirs de toute la jeunesse.
Quel sera l'avenir ? La peur du célibat,
Les contrôles policiers et le pouvoir d'achat,
Corruption et censure. Mais aujourd'hui je crois
Que vous vous êtes jetée dans un noble combat.
Dans ces temps de tumulte, où êtes-vous passée ?
Je vous vois, le cœur pur, face ces gens casqués
qui matraquent et qui tuent ces jeunes révoltés,
Agiter l'étendard de votre liberté.
Galopant ça et là, de groupes en barricades,
Dénonçant tant d'années de censures, de brimades,
Vos cheveux noirs dénoués, bravant la fusillade,
Ou haranguant la foule, juchée sur une estrade.
Mais qui suis-je, moi, ici, pour dégoiser ainsi ?
Un touriste d'Europe qui prit votre pays
pour un coin très pratique de séjours à bas prix ?
Non, juste un admirateur qui vous parle en ami.
Comment ne pas comprendre votre animosité,
Face à nos chefs d'Etats, pleins de complicité,
Prêts à fermer les yeux, vile facilité,
Préservant, soi-disant, une stabilité !
Les droits de l'homme ne sont que rêves chimériques,
Lorsque les intérêts sont, eux, économiques !
Et pour leurs électeurs, un Maghreb pacifique,
C'est la promesse indue de vacances séraphiques...
Mais aujourd'hui, c'est vous qui tenez dans vos mains,
Cette chance inouïe de tracer un chemin
Bordé par d'odorants massifs de jasmin,
Tout en préservant la liberté de chacun.
Surtout faites attention,ne soyez pas grisée.
Sachez bien que précieuse est cette liberté.
C'est un enfant fragile, tellement convoité,
Qu'il faudra, chaque jour, jalousement veiller.
De Douz à Monastir, de Tunis à Kairouan,
Le peuple tunisien a chassé ces manants
Qui n'espèrent de la vie que pouvoir et argent.
Prémices, dans ce monde, d'un grand chambardement ?
Maintenant vous pouvez rire, chanter et parler.
Profitez de l'instant, de la vie retrouvée.
Mais il faudra du temps pour tout recommencer,
Bâtir durablement une nouvelle société.
Postscriptum :
Mais surtout, pour conclure, comme je vous sais gourmande,
De makrouts, de loukoums, de confitures, d'amandes,
Ne succombez pas trop à toutes ces offrandes,
Au risque de payer un jour le dividende !
Janvier 2011