dimanche 19 septembre 2010

Addiction(s)

J'aurais pu devenir pollueur tabagique,
Enfumant mes voisins ou mâchouillant ma chique.
Craignant par dessus tout, le manque de cigarettes
Ou allant me damner pour une nicorette !
En crachant mes poumons, à peine réveillé,
J'aurais même oublié l'usage de mon nez.
Vivre sans odorat serait le pire fléau,
Car je ne saurais pas ton odeur sur ma peau.

J'aurais pu devenir un buveur, alcoolique,
Dont les mots avinés seraient ponctués de "hic".
Une trogne rougie et un pif en fleurette,
Enivré à la vue d'une simple "fillette".
Malade le matin, à la vue d'un verre d'eau,
Marchant toute ma vie sur le pont d'un bateau !
Ma gorge tant brûlée ne saurait ni le charme
Ni la joie de goûter le sel de tes larmes.

J'aurais pu devenir accroc cocaïnique,
Me noyant dans la dope, par esprit "héroïque".
Le tête obnubilée par d'étranges aventures,
Et les bras constellés de traces de piqûres.
Tremblant de tout mon être lorsque le manque arrive,
Je laisserai mon corps partir à la dérive.
Ne contrôlant plus rien, ni mes mains, ni mes yeux,
Je ne pourrais alors, caresser tes cheveux.

J'aurais pu me plonger à fond dans la musique,
Les oreilles toutes emplies par de lourdes rythmiques.
Obsédé du walkman, le casque bien collé,
Mes esgourdes ne captant que des airs syncopés.
Le volume saturé provoquant la gangrène,
Je serais déjà sourd ou souffrant d'acouphènes !
Mes osselets frappés par ces coups de tambours,
Je ne pourrais entendre tes tendres mots d'amour.

J'aurais pu tout larguer, une envie boulimique
De jouer les globe-trotters, une démarche épique.
Sillonnant les déserts, les villes et les contrées
En voulant tout comprendre, tout vivre, tout observer.
Mais croire que le monde est bien plus beau ailleurs,
Nous fait souvent passer à côté du bonheur.
Mes yeux dans ce fouillis, n'auraient jamais pu voir,
Les courbes de ton corps, lorsque tu dors, le soir.

J'aurais pu tant de choses que je ne ferai pas,
Plein du bonheur de vivre avec toi, près de toi.
J'ai choisi ton amour, le plus beau des voyages
Car lui seul m'a permis d'écrire les quelques pages
D'un roman où le rêve s'efface devant la vie,
Où la réalité, elle seule, me ravit.
Et si j'ai des envies, des appels, des émois,
Mon unique addiction, ne peut être que toi.
Septembre 2010

mardi 14 septembre 2010

Les Foins


Dès le petit matin, j'aime à pointer le nez
Pour emplir mes narines de cette acre douceur
Qui annonce l'été, le plaisir, la chaleur,
Celle de la senteur du foin juste coupé.

C'est l'heure où la rosée perle sur les herbages,
Quand le soleil se traine, retardant son levé,
Voulant à toute fin, allonger les journées,
Faisant du mois de juin, le plus long des voyages.

Cette odeur de fanage me chatouille la mémoire.
Et je pense à ces bottes qu'il fallait ramasser,
Transporter et ranger pour vite les protéger,
En priant tous les saints, qu'ils ne fassent pas pleuvoir.

A l'époque, on disait :"Nous allons faire les foins".
Les parents, les amis, tout le monde était là
Car pour travailler vite, on rassemblait les bras.
Moi, pendant mes vacances, je leur donnais la main.

La besogne était dure. Du matin jusqu'au soir,
A l'aide d'une fourche, on chargeait les ballots,
Pyramide végétale posée sur des plateaux,
Equilibre précaire qu'un caillou faisait choir !

Puis on montait la meule, sur une surface stable,
Architecture agraire transmise de pères en fils,
Cathédrale végétale, promesse tentatrice
Pour tous les animaux enfermés à l'étable.

Mais aujourd'hui les meules, chez nous, n'existent plus,
Remplacées par des "balles", jetées comme au hasard,
Dans les prés, dans les champs, alignement bizarre,
Sans aucune harmonie, un Carnac incongru !

Nul besoin de complices pour charrier ces ballots.
Un tracteur, une remorque, un chauffeur et voilà.
Une seule personne où il fallait des bras.
Le travail s'effectue au son de la radio.

Les colonnes gigantesques de ces balles entassées,
Forteresses du progrès que l'on voit de très loin,
Sont aussi les symboles de ce que l'être humain
Peut créer pour servir la rentabilité.

Bien sûr que les machines ont allégé l'ouvrage,
Rendant plus efficace le travail des champs.
Mais en privilégiant l'idée de rendement,
On oublie surement la notion de partage.

Et on ne verra plus, sortant d'un tas de foin,
Les jeunes galopins et les douces jouvencelles,
S'époussetant le nez, à l'abri d'une ombrelle,
Après avoir passé un doux moment coquin !

Et ces meules effondrées, à la fin de l'hiver,
Etaient pour les gamins des cachettes rêvées.
Tour à tour château-fort ou montagne écroulées
Pour être aventuriers ou jouer à la guerre.

S'il y a des gosses des rues, je suis un môme des champs.
Et la technicité n'efface ni les odeurs
Du travail de la terre, ni surtout les couleurs,
Preuves de l'éternelle récidive du temps.

Et si j'ai de la chance, je verrai détaler,
Peut-être un fin chevreuil ou bien plus simplement,
Un lapin de garenne courant en zigzaguant,
Autour de ces menhirs végétaux dispersés !
Septembre 2010

mardi 7 septembre 2010

Les Ingrédients du Père Soulé

J'avoue que cet été, je ne fus pas galant,
Vous laissant patienter sur des charbons ardents.
Ce qui n'est pas malin !

Vous avez attendu, vous avez mariné,
Sans avoir de réponse au jeu du Père Soulé.
Ce qui frise le dédain !

Avant que la colère n'altère le bouillon,
Et que notre amitié tourne en eau de cochon,
Ce qui serait crétin !

J'ai enfin décidé de vous sortir du bain
Marie, qui nous regarde, en sera donc témoin.
C'est sûr, il a un grain !

Voici donc, les amis, en guise de conclusion,
Les seize éléments, l'unique solution.
Mais qui a dit enfin ?

Il fallait donc trouver :
- Le sel (1) et le poivre (2) dans : "Plus de sel que de poivre, dans..." (là, c'était trop facile !)
- Le saucisson à l'ail (3) dans :"Chaque jour (...) comme un sot, six sons. A l'ail, base de ..." (OK, un peu tiré par les cheveux !)
- L'ail (4) dans : "Joue avec ses couteaux et parfois, aïe, se coupe"
- Le concentré de tomate (5) dans : "Il se concentre et tôt, mate le résultat" (no comment !)
- La saucisse (6) dans : "Il admire, goûte et sauce, hisse son jugement" (évident, non ?)
- La graisse d'oie (7) dans : "Il agrée, se doit d'être encore..." (plus ardu et peut-être mon préféré !)
- Le lard fumé (8) dans : "Car pour lui, c'est de l'art ! Fumée disent les voisins" (pas si difficile que cela !)
- Le vin (9) pour accompagner le repas, dans : " C'est vrai qu'il (...) il cuisine en vain"
- L'eau (10) dans : "Il aurait bien voulu leur offrir ce cadeau"
- Le thym (11) dans : "Il a le teint blafard..." (les plus simples sont parfois les plus difficiles à trouver !)
- La poitrine de porc (12) dans : "... et mal à la poitrine. De porridges en langoustes..." (rigolo, celui-là, j'adore !)
- Les flageolets (13) dans : " Il n'a plus de courage, voit ses jambes flageoler" (trop facile !)
- Le petit salé (14) dans : "Il se sent petit, sale et voudrait s'arrêter" (celui-là, j'aime bien !)
- Le laurier (15) dans : "Jamais il ne ceindra sa couronne de lauriers" ( ça, c'était cadeau !)
- Les oignons (16) dans : "Et tant pis si tout pète, ce n'est plus ses oignons !"

J'ai une pensée pour tous ceux qui sont tombés dans le piège de la farine, dans : "Atteindre l'absolu, ce phare inexistant".

Et c'est Véronique qui fut la plus rapide (et la seule !) à donner tous les ingrédients.
Enfin, merci à tous pour votre participation .

lundi 6 septembre 2010

Be back

"Hé ho ! Déjà trois mois que tu n'as rien écrit !
Remue-toi la paillasse et sors donc de ton lit !
Sais-tu que sur ton blog tu as quelques amis
Qui voudraient, je l'espère, partager tes écrits ?

- C'est qui, "ki" cause ainsi ? Un fantôme en livrée
Ou bien plus simplement ma conscience réveillée ?
Je n'ai guère travaillé cet été, je l'admets
Et je ne sais pourquoi je suis resté muet.
Ai-je subi le spleen du poète tourmenté
Qui regarde, abêti, sa plume se dessécher ?

- Ne dis pas de bêtises, cesse ces idioties
Ou ta tête deviendra un gros pot de gelly !
Tape sur ton clavier, clique sur ta souris,
Remets-toi à la tâche, les vacances sont finies !

- Non mais, petite voix, tu m'agaces le nez.
C'était une métaphore, je pense que tu connais !
J'écris ce que je veux, en toute liberté,
Même si des noirceurs perturbent ma pensée.

- Ah ! Je ne le crois pas ! Te voici reparti :
Tu veux nous faire accroire que tu as des soucis,
Des craintes sur l'avenir, un futur interdit.
Que notre société, jouant notre asphyxie,
Fait que la création, elle aussi, s'est enfuie !

- Est-ce que l'inspiration peut aussi s'envoler,
Comme les hirondelles, une fois l'été passé ?
C'est vrai que ce curseur qui clignote sans arrêt,
En haut de la page blanche, commence à me lasser.
Il est temps de s'y mettre, cesser de cogiter,
De croire que mes histoires n'ont aucun intérêt.
Dans ce monde indocile où certains vivent terrés,
Enfermés dans leur bulle, se sentant étranger
Même pour leurs voisins, voire refusant d'aimer,
Nous devons, à chacun, essayer d'apporter
Un peu de bonne humeur ou un sourire discret.
Et même si mes textes semblent parfois légers,
Ils n'ont qu'un seul mérite, simplement exister.
Alors, tant pis pour vous, mais je vais continuer
A essayer de pondre des textes versifiés
Qui pourront, je l'espère, vous plaire, vous étonner,
Vous émouvoir et puis parfois vous faire grogner.
Quant à la petite voix, elle ira se cacher
Jusqu'à la prochaine fois, si je traine les pieds
Pour vous offrir un mot. Car on ne sait jamais....
Septembre 2010